Eddy de Pretto dédie son nouvel album « à tous les étranges, les bizarres, les bâtards »

Révélation de l’année 2018, le chanteur ouvertement gay revient avec « À tous les bâtards », un deuxième album aussi intime qu’engagé, insolent que solaire. Jock.life a écouté et a beaucoup aimé.

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Trois ans après « Cure », son premier album au succès fulgurant (300 000 exemplaires vendus), Eddy de Pretto est de retour avec un nouvel opus audacieusement intitulé « À tous les bâtards ».

On se souvient des chocs qu’avaient été les singles « Kid » et « Normal » dans lesquels le chanteur ouvertement gay dénonçait la masculinité toxique (« virilité abusive ») et l’homophobie, fléaux dont il a lui-même souffert plus jeune. Bonne nouvelle : Eddy ne s’est pas assagi ! Avec « À tous les bâtards », l’artiste veut plus que jamais mettre en avant les « étranges », les « parias », les « bizarres » et persiste dans sa volonté de déconstruire les normes, qu’il s’agisse du genre ou de la sexualité. Un album queer en somme (au sens propre du terme en anglais) qu’il a cependant souhaité plus « solaire » et « chaleureux » que le premier comme il le confie dans un podcast. Plus de « nonchalance », mais toujours la même « insolence ».

Et c’est vrai qu’avec ces 15 nouveaux titres, la voix du chanteur se déploie comme jamais, se fait plus lyrique, accompagnée d’arrangements subtils au piano ou à la guitare (le merveilleux « Parfaitement » qu’on aimerait écouter tout l’été au soleil au bord d’une piscine).

L’auteur-interprète de 27 ans sait toujours délivrer des chansons-coups de poing, comme avec « Val de larmes » où il dénonce les violences policières et incite à checker ses privilèges de Blanc (« Jamais jugé coupable moi / Jamais connu de plaquage moi »). Dans un registre plus intime, il dévoile des bribes de son enfance dans « Créteil Soleil » (sa mère a gardé sa chambre d’enfant intacte dans l’appartement de Créteil, sa ville natale) mais aussi ses déceptions amoureuses sur fond de célébrité soudaine (« qqn » et « Si seulement »).

Eddy de Pretto manie également l’ambiguïté et le sous-texte comme personne, notamment dans « Désolé Caroline » (où il dit adieu à une addiction comme on quitte une amie) mais aussi dans le délicieux « La Zone », ode à peine cachée à l’anulingus pour tous (« Ose / Traîner près de la zone / D’une feuille de rose / Au fond ce n’est pas grand-chose / Ose »).

Avec le très autobiographique « Bateaux-mouches », il nous invite à croire en nos rêves et à ne jamais dire non à nos ambitions, comme dans le clip étonnant de la chanson.

L’album se termine avec ces paroles qui en disent long sur les angoisses du jeune homme : « Et maintenant me revoilà  / Avec le 2ème dans les bras / Faites bien des écoutes d’avance / Le 3ème j’y arriverai peut-être pas ». On est persuadés que non : Eddy de Pretto est là pour durer et c’est pour notre plus grand plaisir.

« À tous les bâtards », d’Eddy de Pretto (Romance Musique). Sortie le 26 mars. En concert dans toute la France à partir d’octobre 2021.
Plus d’infos sur https://eddydepretto.com

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