Pourquoi je craque toujours sur les mecs qui ne sont pas pour moi…

Vous avez envie de vivre à deux, avec un doudou à la maison et des câlins à n’en plus finir ? Dans la vie réelle, vous ne tombez que sur des mecs pas libres, compliqués, peu engagés. Pour réfléchir au sens caché du truc, on a trouvé une psy gay-friendly, finaude et concrète. Vous allez voir, ça interpelle quelque part.

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Un modèle familier

Il est libre, gentil, sexy, attentionné et pourtant ça ne « prend » pas. Vous préférez l’autre, qui ne vous met (vraiment pas) en tête de ses priorités. Comme Gilles, la belle cinquantaine : il fait des rencontres et quand le garçon se montre incompatible, il craque. Face à un garçon qui le kiffe, il n’est jamais séduit.  On a demandé à Nancy Bihari Andersson, psychologue spécialisée en thérapie cognitive et comportementale, si l’être humain était systématiquement attiré, en amour, par la complexité. Eh bien non, pas du tout ! « En psychologie, on a tendance à dire que le cerveau apprécie ce qui lui est familier. Si les couples qu’on a vu autour de nous, nos parents par exemple, sont dysfonctionnels, on est attiré par ce schéma. Même chose si on a des parents qui fonctionnent de façon fluide. » 

Des séries pour modèle

Ah bon, d’où viennent ces difficultés alors ? Les causes sont multiples, mais comme le rappelle Nancy, « aujourd’hui, un enfant sur deux vient d’un couple divorcé ou séparé. » Bien sûr, on est plus ou moins conscient de reproduire un peu, mais il faut ajouter à ça l’impact des faux héros, sortis de l’imaginaire des scénaristes. Nancy confirme : « C’est vrai qu’on nous vend des histoires avec des rebondissements, dans les films et les séries. Certains, une fois en couple dans la vie, peuvent se demander si ça n’est pas trop simple. » Au point de confondre calme confortable et ennui. Se sentirait-on obligé, inconsciemment, de suivre des codes ?

Nancy est catégorique : « Obligés, j’espère que non ! Mais on est matraqués par un modèle, celui du mariage hétéro, et matraqués par des stéréotypes, des images à atteindre, des idées de ce qui devait être comme ci ou comme ça (la fréquence sexuelle, le culte de la beauté…). S’en détacher n’est pas facile, mais songeons à la liberté dont nous disposons. » Bien sûr, pour s’éloigner des stéréotypes, il faut avoir conscience de leur impact sur nos choix. 

Toujours plus intense

Nancy nous fait remarquer que le sentiment de solitude et la souffrance psychique sont plus répandues chez la génération Z que chez les générations Y ou X : « Il y a chez ces très jeunes une liberté sexuelle, mais l’image, le bonheur, la pression à vivre quelque chose d’exceptionnel est vraiment forte. »  Sans parier sur l’attraction du banal, avouons qu’on ne peut avoir immédiatement la fortune de Kardashian mère, la sexualité de Brent Corrigan (peut-être pas si idéale ?), en plus d’un couple stable avec 4 bambins comme Ricky Martin

Fier, vraiment ?

Vivre en couple, c’est forcément se montrer, même un peu. Tout le monde ne se projette pas si facilement dans cette situation. « Même parmi les gens de 20 ans qui ont moins connu la stigmatisation, en parler reste parfois une difficulté. Pour ceux qui ont vécu un stigma plus fort, ça n’est pas forcément plus facile. On peut se demander si on est libre d’afficher cette identité sexuelle. »

hommes inacessibles

Que faire si la réponse est non, Nancy ? « Il faut explorer, se demander l’impact que ça a sur la vie quotidienne. Est-ce que j’en parle facilement, est-ce que j’en suis fier ou est-ce que j’en souffre ? Cela passe par un travail d’introspection. » Même chose avec le mythe de la love story, censée se construire avec patience, comme un meuble Ikéa. La comparaison fait sourire Nancy : « Il faut se questionner sur ce qui compte, se demander ce qui a du sens si on souhaite construire, car le problème des meubles Ikea, c’est qu’on ne peut pas les remonter. Or le couple se réajuste en permanence. Par exemple s’il perd son travail, la dynamique change. Un couple doit être malléable et ajustable, plus comme un Tetris ou un Rubik’s Cube. On peut toujours bouger les facettes, ajuster, moduler les couleurs. »  Les lumières de la boule à facettes, la passion brûlante comme un soleil couchant, le tendre éclat des câlins matinaux, un monde de sensations s’ouvre aux amoureux.

La faute aux autres ?

Parfois, on le sentiment que le monde entier a tort, que c’est la faute des garçons qui ne sont jamais les bons. « Si c’est une situation qui se répète, ça peut venir de nous. Quand on fait des rencontres sans jamais tomber sur le bon partenaire, nous y sommes peut-être pour quelque chose. » Va-t-on en rester là, bloqué, empêché ? « Changer sa façon de faire, c’est déstabilisant, on a tendance à aller naturellement vers ce qu’on sait faire. » Dans quel cas se faire accompagner ? « Si c’est obnubilant, si on se dit chaque matin en se levant qu’on va finir seul, deux ou trois séances peuvent aider à débloquer. Même chose si personne ne nous plaît jamais alors que l’on rencontre plein de gens, qu’on s’ennuie après 4 mois ou que les garçons ne sont sympas qu’au débutSi on répète un schéma, il y a quelque chose à creuser. »  

La bonne nouvelle, c’est le boom des consultations via une appli ou un site, accessibles et simples. Tout le monde n’a pas besoin d’un engagement longue durée. Nancy est chef psychologue de l’application suédoise Mindler qui débarque en France avec 300 thérapeutes diplômés, pour des séances en ligne de 25 minutes, au prix de 45 euros. On choisit son psy et son créneau horaire, il suffit d’un lieu isolé pour papoter, sans être forcé à rien. « Nous sommes l’expert de notre propre personne et le psychologue a des outils pour que l’on gagne en expertiseParfois, une, deux ou trois séances suffisent. Le travail thérapeutique est collaboratif et égalitaire. » La thérapie est un outil parmi d’autres, Nancy le rappelle, ça vaut le coup d’en essayer plusieurs : yoga, randonnée en forêt, discussion avec un ami… L’idée, c’est de ne pas étouffer le sujet s’il vous préoccupe. 

Tu en veux encore ?