Festival QueerScreen : Focus sur Scud, le réalisateur qui met à nu les Adonis

Presque inconnu en France, le cinéaste hong-kongais Scud fait preuve de film en film d’un goût esthétique parfait, et d’une audace étonnante à filmer la nudité des corps masculins. Alors qu’on peut découvrir vendredi 19 mars son dernier film, “Adonis”, au festival en ligne « JocK & QueerScreen font leur cinéma », portrait d’un auteur à découvrir.

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Adonis est à voir pendant 24h dès le vendredi 19 mars 18h sur queerscreen.fr dans le cadre du festival en ligne “Jock & QueerScreen font leur cinéma.

Une forêt de bambous. Et au milieu de ces tiges dressées vers le ciel, des hommes, de jeunes hommes sculpturaux. Et nus. L’un d’eux semble poursuivi par les autres.…Cette somptueuse première séquence d’Adonis, le dernier film en date (2017) du réalisateur hong-kongais Scud, est à l’image des sept longs métrages de ce cinéaste qui ne cesse de mettre l’homosexualité en avant dans une Asie où cela reste encore et toujours compliqué. On y retrouve en effet cette obsession de corps masculins magnifiés, presque idéalisés, mais aussi le climat d’inquiétude sourde qui les enveloppe.

Sensuel et esthétiquement superbe, contemplatif en apparence avec son rythme caressant, le cinéma de Scud distille le trouble tant le désir homoérotique qui le traverse de part en part n’est jamais un désir serein. Fantasmes, malaise identitaire (la sexualité, la famille, l’âge…), confusion des sentiments… l’homosexualité chez Scud porte les stigmates de la situation des gays à Hong-Kong, en Chine, voire dans une large part de l’Asie : ni vraiment reconnue, ni vraiment acceptée, parfois réprimée, elle est souvent mal vécue, comme l’explique régulièrement le cinéaste dans ses interviews.

Autant dire qu’il faut une certaine audace pour en faire de façon aussi explicite, aussi frontale, le sujet central, quasi unique, d’une œuvre encore très largement inconnue en France.

Corps à nu

À 54 ans, Scud a déjà vécu plusieurs vies. Né en Chine, il a suivi sa famille à Hong Kong à l’âge de 13 ans. Il y étudie l’informatique, y crée une société florissante, part s’installer en Australie, en revient au bout de quelques années pour se lancer dans l’aventure du cinéma en 2008 en créant sa propre société de production, ArtWalker.

Adonis

Depuis, c’est à travers cette structure modeste, mais qui lui offre une totale indépendance de création, que Scud développe ses thèmes de prédilection et ses obsessions tant visuelles qu’érotiques, cette succession de silhouettes de garçons élancés, imberbes et musclés traversant l’écran dans toute la splendeur de leur nudité, ces corps parfaits soumis parfois à des traitements brutaux, à des fantaisies BDSM plus graphiques qu’extrêmes, ces corps qui se cherchent et se pistent dans des labyrinthes — la forêt de bambous d’Adonis, les couloirs du sauna dont rêve le héros au début d’Utopians

Rendre visible l’homosexualité

Depuis Résidence permanente, son deuxième film aux accents très autobiographiques — l’amitié amoureuse entre un jeune gay et un hétéro —, on sent bien que le cinéma de Scud est tout entier nourri de sa personnalité, de ses attirances, de ses rêves et de sa détermination à s’imposer envers et contre tout dans son pays et bien au-delà.

Adonis

À l’évidence, convaincu de sa vision et de sa mission pour rendre visible l’homosexualité là où elle est si souvent cachée, Scud construit film après film sa stature de cinéaste gay le plus en vue, le plus hardi et le moins effarouché par le sexe du continent asiatique. Chacun de ses récits aussi beaux que fascinants démontre qu’il est quoi qu’il en soit l’un des plus doués…

Adonis, un film de Scud. À voir en ligne le vendredi 19 mars dès 18h lors du festival “JocK et QueerScreen font leur cinéma” sur queerscreen.fr

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