Polar, perles de la mode, BD, romans : les 5 livres LGBT du mois

Amour et morts

C’est un polar américain que signe le Français Richard Morgiève, une virée dans un bled du milieu des années 1950 où un shérif aux lourds secrets familiaux — ses parents ont été tués par un serial killer — se retrouve confronté à une étrange série de crimes. Mais aussi, dans la paranoïa généralisée qui règne alors aux États-Unis, aux soupçons de l’apparition d’une mystérieuse soucoupe volante, et de Martiens. De quoi nécessiter l’intervention du FBI… C’est pas très gay tout ça ? Allons allons, lancez-vous tête baissée dans ce livre étourdissant et réjouissant, et vous verrez qu’entre un shérif et un agent très spécial, les partages d’informations peuvent aussi se passer dans un lit…

Richard Morgiève, Le Cherokee, éd. Folio, 8,60 €.

Noël à retardement

Ce n’est pas parce que les fêtes sont passées qu’il faut se priver de s’offrir ce conte de Noël d’un genre particulier concocté, avec son décapant humour habituel, par le grand Ralf König. Si le maître de la BD pédée ne signe pas là son album le plus gay, Santa Claus Junior n’en est pas moins follement réjouissant. Au centre de l’histoire, Ute, une célibataire bien décidée à ne rien faire le soir de Noël mais dont les certitudes vont être mises à mal lorsque l’enfant Jésus déboule dans son salon, et qu’un Père Noël assez sexy s’incruste à son tour…

Ralf König, Santa Claus Junior, éd. Glénat, 16,50 €.

Sexe et pouvoir

Dans une scierie en grève d’une petite ville du Québec, un jeune et bel ouvrier fait tourner toutes les têtes et alimente tous les fantasmes. Il s’appelle Querelle, et il ne faut pas chercher bien loin pour voir pourquoi, tant il est une sorte de réincarnation du personnage de marin ultra sexué créé par Jean Genet. Second roman du prodige Kevin Lambert, 27 ans lorsque son livre paraît, Querelle est un texte incandescent qui sent le souffre mais aussi la colère contre les injustices et contre tous les pouvoirs. Aussi dérangeant qu’excitant, Querelle ne cesse d’ébranler ses lecteurs.

Kevin Lambert, Querelle, éd. points, 7,50 €.

La mode, la mode, la mode

Aficionado des défilés de mode, Loïc Prigent connaît tout et tout le monde dans ce petit milieu où le glamour et le ridicule se côtoient, et où l’argent et le mauvais goût ne manquent pas de points communs. Le journaliste à la plume acerbe s’amuse et nous amuse en saisissant les plus savoureux des aphorismes des divas des podiums, et les enfile comme des perles dans ce livre (le second du même genre après J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste) . On picore ces formules comme autant de petits fours : “J’aime pas trop le risotto, ça s’instagramme mal”, dit l’une. “Je déteste les fleurs. Envoie moi un sac à la place”, réplique l’autre. “Tu peux répéter ? Je n’arrive pas à me concentrer à cause du glitter de mon vernis à ongles”, s’exclame une troisième… Un régal.

Loïc Prigent, Passe-moi le champagne, j’ai un chat dans la gorge, éd. Points, 7,20 €.

50 nuances de queer

D’abord publié sous forme de brefs chapitres sur Wattpad, Tant qu’il le faudra devient une série de livres — il y en aura trois au total — au fil desquels on se familiarise avec une quinzaine de personnages principaux composant un bel arc-en-ciel de toutes les nuances du queer — gay, bi, trans, racisés, en situation de handicap…. Ce qui les réunit, dans ce récit ultra inclusif et bienveillant ? Une association LGBTQI, HoMag, et le journal que celle-ci publie… Chaque chapitre est dédié à un des personnages, et on suit leurs découvertes d’eux-mêmes, leurs amours, leurs luttes, leurs parcours personnels et professionnels. C’est très vif, très jeune (ça s’adresse clairement d’abord aux young adults, mais il n’y a pas d’âge pour être un young adult…), très contemporain, très en résonance avec la société actuelle. On attend la suite.

Cordelia, Tant qu’il le faudra, vol. 1, éd. Akata, 16,99 €.