Helias Doulis : la photo, la Grèce et Colby Keller !

Hélias Doulis est grec, il habite à Londres. Il est obsédé par la beauté des modèles vintage de l’iconographie gay des années 70 et 80. Et son travail s’en ressent. Ses photographies sont à la fois très urbaines et sauvagement naturelles.

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Parlez-nous de vous…

Après avoir terminé mes études d’écriture et de cinéma au Royaume-Uni, je suis retourné en Grèce où j’ai tourné mon premier long métrage semi-autobiographique The Nest (« Le nid »). J’ai ensuite collaboré avec la fameuse maison de couture Ralph Lauren, où j’ai photographié leur campagne RRL.

Mon obsession pour le cinéma X m’a ensuite amené à Paris, puis à Londres et enfin à Athènes, où j’ai tourné des films avec les hommes que j’adore. Je travaille aujourd’hui en tant que photographe et cinéaste indépendant entre Londres et Athènes.

Colby Keller (c) Helias Doulis
Colby Keller (c) Helias Doulis

Vous aimez vous décrire comme un poète. Pourquoi ?

Je n’avais pas d’autre intention que d’écrire des poèmes quand j’étais plus jeune. Au-delà de tout autre talent, je suis avant tout un narrateur visuel, ou un poète qui pose des mots pour créer une image. La photographie est venue dans ma vie par hasard. Je n’ai jamais été doué pour les portraits, mais pendant mes années d’étudiant au Royaume-Uni, j’ai appris. J’ai produit Les affaires saisonnières. C’est un projet que je n’ai jamais eu le courage de publier, il est issu d’un chagrin que j’ai eu à l’époque. Je décrivais ma vie avec des photos. À l’époque, je n’avais pas la force de la mettre en mots, mais je me sentais légitime de photographier et d’exposer ma propre vulnérabilité.

Blossom of Solitude (c) Helias Doulis
Blossom of Solitude (c) Helias Doulis

D’où viennent vos inspirations ?

De l’amour et de la perte. Je trouve souvent l’inspiration dans ce que je n’aimerais pas faire partie, mais que je mourrais de pouvoir observer ou vivre en tant que spectateur. J’adore me promener dans les quartiers « chauds » du centre-ville d’Athènes, de Londres et de Paris… La culture peut y être authentique, enracinée dans ce qu’une société admire secrètement dans l’obscurité mais prétend qu’elle n’existe pas à la lumière du jour. L’érotisme masculin vintage est ce que j’apprécie le plus dans mon travail : à travers mon travail d’archives en ligne Pale Blue Nostalgia, inspiré par l’homoérotisme vintage.

AMO  helias Doulis
AMO (c) Helias Doulis

Comme la plupart des méditerranéens, l’eau est importante dans votre travail. Nous la retrouvons dans plusieurs de vos photos. Quelle est votre relation avec l’eau ? Est-ce essentiel ?

Comme la nature, j’utilise l’eau comme accessoire dans mes photos depuis un certain temps, maintenant. Dans mon travail Parabyss : A Nurtured Nature, la côte grecque devient un refuge pour une communauté dont la sexualité est dangereuse. Le paysage rocheux est l’endroit où le corps humain peut se cacher. J’ai photographié l’acteur Colby Keller sur cette même côte, quelques années plus tard. Il y est présenté comme un Poséidon grec plutôt séduisant.

Ode to Prince
Ode to Prince (c) Helias Doulis

Où trouvez-vous vos modèles ? Avec qui vous sentez-vous le plus créatif ?

Je trouve généralement mes modèles via les réseaux sociaux et principalement via des appels sur Instagram, en fonction du thème du shooting. Je photographie principalement des modèles avec un corps suffisamment flexible pour jouer le jeu. Les modèles qui sont assez en confiance pour révéler leur vérité intime et devenir vulnérables à mes yeux, sont souvent mes préférés. Je considère mes modèles, avant tout, comme des muses.

A Faggot's Destiny (c) Helias Doulis
A Faggot’s Destiny (c) Helias Doulis

Quel est votre meilleur souvenir de photographie ?

Il y a quelques années, vers 2016, je tournais un hommage au poète queer grec Nikos – Alexis Aslanoglou. J’étais à la recherche d’un emplacement dans le centre d’Athènes. J’ai trouvé la perfection dans un bâtiment détruit par un incendie. Mes assistants étaient là pour sécuriser l’installation parmi les ruines et les détritus. Nous étions tous prêts au rez-de-chaussée lorsque nous avons senti qu’on nous lançait des pierres depuis les étages supérieurs. Nous avons découvert qu’il s’agissait d’un vieux couple qui avait immigré de Bulgarie et vivait au dernier étage. Ils utilisaient le bâtiment comme abri. Ils avaient aussi peur que nous, sinon plus. Nous leur avons apporté de la nourriture… Je me souviendrai toujours de leur sourire.

Colby Keller (c) Helias Doulis
Colby Keller (c) Helias Doulis

Avez-vous des projets à venir ?

Je viens de finaliser un court-métrage The Beauty of Stigma avec, en vedette, Colby Keller. Il sera le narrateur, de cette histoire, une aventure d’adolescents dans les ruines d’une ville. J’espère être en mesure de le présenter en salles dès la reprise. Je prévois également de lancer un projet photo en hommage à l’emblématique photographe américain, Bob Mizer. Et je continuerai à enrichir mon travail de A Faggot’s Destiny qui sera une véritable documentation sur le porno du monde entier.

Pour suivre Hélias Doulis :
Son compte Instagram
Son travail d’archives 
Site web 

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