Rencontre avec Bastien de “Histoires de… MylĂšne Farmer”, le podcast qui cartonne !
Depuis un an et demi, Ludovic, Sylvain, Bastien, Thibaud et ClĂ©ment explorent la carriĂšre de MylĂšne Farmer avec un podcast passionnant, qui sâadresse autant aux fans quâaux novices. Rencontre avec lâun des rĂ©dacteurs en chef dâ âHistoires deâ.

Le podcast “Histoires de”, c’est un peu “tout ce que vous vouliez savoir sur Mylène Farmer sans jamais oser le demander”. Depuis un plus d’un an et demi, cinq fans de Mylène Farmer revisitent la carrière de la chanteuse en podcast. A chaque épisode, Ludovic, Sylvain, Bastien, Thibaud et Clément reviennent sur un album ou une tournée, en décortiquant chaque chanson emblématique, et en revenant sur les interviews de l’époque pour donner un éclairage aussi complet que possible sur tel ou tel aspect de la carrière de Mylène. Ils débattent aussi: “Monkey me” est-il son moins bon album? “Désenchantée” est-elle vraiment sa meilleure chanson ?
Le podcast a de quoi plaire aux fans les plus dévoués comme aux curieux, qui n’ont pas forcément suivi toute la carrière de la star, mais ont pu apprécier quelques titres ici ou là. La bonne nouvelle est que 18 épisodes ont déjà été diffusés, la mauvaise est qu’il n’en reste plus qu’un. Pour Jock.life, Bastien, l’un des rédacteurs en chef de l’émission, revient sur la genèse du podcast et la carrière de Mylène Farmer.
Comment est né le podcast ?
C’est une idée de Sylvain, qui anime l’émission. Il avait vu que des podcasts musicaux commençaient à sortir il y a plus d’un an et demi. On se connaissait par l’intermédiaire d’un forum et de Twitter. Il savait que j’étais journaliste. Il m’a proposé l’idée, ainsi qu’à Thibaud, pour sa connaissance de la pop culture, et à Clément et Ludovic, nos deux experts musicaux ! On est parti sur le principe de faire un épisode = un album ou un concert, avec des petits hors-série comme sur Alizée ou la carrière au cinéma de Mylène Farmer. Celui sur Anamorphosée est l’avant dernier.
Quel regard jettes-tu sur cette aventure maintenant qu’elle touche quasiment à sa fin ?
Cela a été très surprenant pour nous, car nous avons un nombre d’écoutes assez considérable pour un podcast indépendant. On arrive à 430 000 écoutes. Dès le premier épisode, il y a eu beaucoup d’écoutes et énormément de messages et de retours sur Apple Podcast et sur les réseaux sociaux. Ce qu’on retient, c’est qu’on a été très écoutés par un public assez divers finalement, international et très bienveillant.
Faire ce podcast t’a-t-il permis de découvrir ou redécouvrir des choses sur Mylène ?
Oui. Nous passons une heure sur un album ou sur un concert. Il y a des tas de choses que je ne savais pas, même en tant que fan. Nous avons fait un vrai travail de recherche, de journaliste, c’est à dire relire toutes les interviews de l’époque, les siennes ou celles de ses collaborateurs. D’autres membres du podcast s’y connaissent mieux que moi, donc j’ai appris de leur part, notamment sur la musique. Nous avons une chronique dédiée à la musique dans l’émission et on apprend plein de choses dedans. Clément et Ludo ont été brillants !
Y a-t-il une chanson, un album ou une tournée qui fait l’unanimité dans l’équipe ?
C’est assez drôle parce qu’il n’y a jamais eu l’unanimité dans le groupe . On est quand même cinq. Bien sûr il y a des albums ou des tournées qui ressortent plus mais il y a toujours l’un de nous en décalage. Dernièrement, l’album Anamorphosée a été celui qui a été le plus plébiscité. Mais même par exemple un album comme Monkey Me, qui est celui collectivement qu’on a le moins aimé, Ludovic, lui, l’aime beaucoup. C’était ça le but du podcast. Nous étions cinq personnalités. Nous sommes cinq fans, mais nous avons quand même des goûts différents.
Comment a commencé ton histoire avec Mylène Farmer ?
Depuis que je suis enfant. C’était le Live à Bercy [de 1996] à l’époque. Ma mère l’avait acheté. Je l’ai énormément épuisé, cet album-là. Bien sûr il y a des chansons avec lesquelles j’ai tout de suite accroché comme Sans contrefaçon et Je t’aime mélancolie. J’ai gardé ce lien à l’adolescence, en découvrant et en comprenant un peu plus les textes et l’univers. Et j’ai gardé ce lien aujourd’hui.
Quelles sont tes chansons préférées ?
Je t’aime mélancolie, Sans logique — encore plus depuis le dernier concert — et une chanson plus récente, Diabolique mon ange, produite par le groupe Archive, que j’aime beaucoup.
Éternelle question: le rapport entre Mylène Farmer et les gays. As-tu ton point de vue sur le sujet ?
Pas forcément. Déjà, c’est un peu le propre des chanteuses pop, qui attirent un public gay. En tout cas Mylène Farmer chante le fait d’être différent et de se sentir à sa place nulle part. Je me reconnaissais là dedans à l’adolescence et en tant que jeune adulte homo.
Elle chante maintenant depuis plus de 35 ans. As-tu l’impression que son public se renouvelle ?
C’est concrètement quelque chose que nous avons pu constater grâce au podcast parce nous avons beaucoup d’auditeurs très jeunes. Nous ne nous rendions pas compte que c’était autant le cas. Nous avons reçu récemment le témoignage d’un ado de 13 ans. Dans la rubrique consacrée aux concerts dans le podcast, les auditeurs nous envoient leurs souvenirs de concert. Nous avons réussi à voir grâce à ces courriers qu’à chaque fois le public se renouvelle et que nous sommes écoutés aussi bien par des auditeurs jeunes comme par des fans qui étaient là au premier concert.
Qu’as-tu pensé de Mylène Farmer, l’ultime création, le documentaire diffusé sur Amazon Prime?
J’ai pensé que ce n’était pas si surprenant que ça que Mylène Farmer fasse ça aujourd’hui. On se dit qu’elle ne va jamais se montrer dans l’intimité et finalement elle a jugé que c’était le bon moment. On a toujours voulu mettre en avant le travail considérable qu’il y a derrière ses spectacles dans le podcast, on le voit très concrètement dans ce documentaire. Et le cadeau, c’est qu’elle se livre à quelques confidences plus intimes également. J’ai trouvé tout cela très sincère et c’est ce qui m’a plu. Et évidemment, il y a aussi ces scènes un peu cocasses comme celle où on voit Mylène Farmer commander des coquillettes au réfectoire qui font déjà le bonheur des réseaux sociaux. Le tout est en plus servi par une réalisation soignée. Je me demandais juste si ça parlerait à un public plus large, mais apparemment oui !
Depuis les derniers concerts, le mystère plane sur une éventuelle fin de sa carrière. Penses-tu qu’elle va arrêter ?
Je ne pense pas que sa carrière soit terminée, du moins en ce qui concerne la musique. Après, effectivement, il y a une interrogation sur la scène. Mais c’est le propre de Mylène Farmer. Dès 1989 — date de sa première tournée, on disait qu’elle allait s’arrêter. Si cela s’arrêtait après son dernier concert, ce serait une belle sortie, et si elle continue, on sera là.
Comment vois-tu sa place dans le paysage musical français ?
C’est quelqu’un d’à part, qui gravite un peu dans son propre paysage. Elle a su à la fois profiter du système et s’en tenir à l’écart et de plus en plus au fil de sa carrière. Depuis deux ou trois ans, je trouve qu’il y a une plus grande reconnaissance de son travail et de ce qu’elle représente dans l’industrie musicale.
Elle a ou a eu des protégées. Il y a eu Alizée, il y a maintenant Julia…
Alizée, j’étais au collège à l’époque, donc j’ai suivi avec beaucoup d’enthousiasme ! Aujourd’hui, j’ai 32 ans, donc je ne me sentais pas forcément concerné par ce projet autour de Julia. Et finalement, la sympathie de cette jeune femme m’a plu et il y a dans son album une langue, un univers qui nous parle forcément quand on aime Mylene Farmer et Laurent Boutonnat. Donc j’y ai trouvé quelques tounes (c’est comme ça qu’on dit au Québec et dans le podcast) qui m’ont convaincu ! On lui souhaite une belle carrière et d’avoir un jour cinq fous qui passeront des soirées et week-ends à produire un podcast sur elle… Ludovic, son premier fan, en fera partie !