Miguel Nochair, le photographe de tous les corps…

Parce que, pour lui, tous les corps sont beaux, Miguel Nochair est le photographes de ce que les standards de l’image ne veulent pas photographier… Il sublime ces garçons, les rend beaux et fiers de leurs corps. Et si la photographie devenait thérapie ?

Publié le

Parle-nous de toi…

Je m’appelle Miguel Nochair (jeu de mots sur mon nom de famille et un traumatisme gentillet de l’enfance). J’ai 34 ans. Je suis genderfluid. Je suis polyamoureux et comblé. Je me questionne sur mes pronoms. Je ne suis pas viril ni masculin parce que je ne comprends plus ces concepts hétéronormés. J’essaie d’être juste moi mais c’est rarement évident.

J’ai commencé la photo en 2012 pour avoir quelque chose à raconter à un homme dont j’étais amoureux, comme si moi ne suffisait pas (c’est un leitmotiv de ma vie, ce manque d’estime de moi). J’y suis venu pour les mauvaises raisons mais j’y suis resté pour les bonnes. Je m’épanouis dans la photographie et l’écriture, l’écriture ayant précédé la photo. Je veux prouver au monde et à tous mes modèles qu’ils sont beaux en l’état et que la mocheté est un concept inventé pour nous vendre de la chirurgie, des produits de beauté et cultiver notre mal-être.

Comment trouves-tu tes modèles ? Comment les choisis-tu ?

Souvent, on me contacte par le bouche à oreille, ce qui se fait encore beaucoup dans le milieu bear. C’est très rare que je demande parce que je n’ose pas et je ne suis pas sûr de moi et de mon talent. Par contre, je ne fais pas de sélection : la seule condition pour moi est de se présenter le jour de la séance, de me signer l’autorisation de diffusion des photos et de faire la part des choses. Quand on me demande si je vais être nu lors de la séance, par exemple, il y a de fortes chances que les photos ne se fassent pas parce que la personne est là pour les mauvaises raisons.

Acceptent-ils facilement de poser pour toi et souvent nus ?

Oui, vu que ce sont généralement les modèles qui me font la demande, et bien souvent non quand c’est moi qui demande. Certains veulent que les photos restent privées et ça n’a aucun intérêt pour moi de faire des photos pour faire des photos. Je fais ça gratuitement, je passe beaucoup de temps à tenter de sublimer des modèles déjà sublimes, donc, dans ce cas, souvent, ça ne se fait pas. Ou alors, on joue sur la disparition du visage et des tatouages avec des voiles et des masques.

Sur ton site, la rubrique de tes photos d’hommes s’appelle « Beautiful People ». Pourtant, les modèles sont souvent en dehors des canons classiques de la beauté. Est-ce cette beauté particulière que tu recherches ? Et pourquoi ?

Pour être honnête, je n’ai plus mis à jour mon site depuis plusieurs années. Tout passe sur les réseaux sociaux car peu de gens allait sur mon site. Mais en effet, tout le monde est beau. Je rejette le concept de mocheté/laideur et aussi celui de masculinité/féminité. Tout le monde est beau. Je cherche le vrai, le bien, le beau dans ma photographie. Et la bienveillance.

Certaines de tes photos sont explicites mais jamais vulgaires. Comment fais-tu pour transcender les actes sexuels en quelque chose de profondément esthétique dans tes photos ?

Mon but ultime, ce serait de créer le prochain Shortbus, de faire un film avec un vrai scénario et plein d’humour où l’on montrerait un sexe non censuré, artistique et bandant. Un film qu’on regarde une fois la sexe à la main et qu’on revient regarder pour son scénario (ou dans l’ordre inverse). Et c’est à ça que je travaille et j’aspire : faire des vidéos et des photos sexuelles et pas du porno. Le sexe, la nudité, c’est aussi de l’art… D’où ma frustration sur certains réseaux sociaux où je me fais punir pour trois poils pubiens.

Tu as des projets ?

Je rêve de faire une exposition. Je dis ça, je dis rien… (rires) Je suis très précaire alors j’attends d’avoir de quoi faire encadrer mes photos avant de démarcher avec mon joli book physique tout frais tout neuf. J’ai un projet chaussettes. L’idée est de prêter mes chaussettes fantaisie très colorées au modèle et qu’il ne porte que ça. Je le prendrais en photo comme pour un magazine déco. Il serait pris dans son intérieur. Il ne ne se rendrait pas compte qu’il est nu ou alors, il n’en aurait rien à faire.

L’autre est avec les masques qu’on porte en ce moment. L’idée est de prendre en photo des gens qui portent des masques mais aussi des tenues fantasques sous le masque. Et si possible dans des lieux insolites. Par exemple, un clown portant un masque devant la Villa Cavrois. On ne vit pas des jours très roses, alors, essayons de l’égayer dans le respect des normes en vigueur.

Vous pouvez suivre et retrouver le travail de Miguel Nochair sur Instagram ou sur son site

Tu en veux encore ?