Dessins : Les bogosses de Fabrissou

Fabrissou est un illustrateur français vivant à Paris qui dessine essentiellement de la BD homo-érotique, notamment des bears avec de « gros sourcils ». Il est aussi l’un des fondateurs de la revue BD « Dokkun » auquel il contribue régulièrement avec plusieurs artistes comme DY, Fabian Ngu, Hakujin, Vicktor et David Gilson.

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Fabrissou, comment en es-tu venu au dessin ?

J’ai souvenir d’avoir dessiné depuis tout petit. Je me rappelle redessiner les personnages des dessins animés que je regardais au Club Dorothée. Puis très tôt, bien avant que ce ne soit la mode en France, un ami m’a fait découvrir les mangas avec Ranma 1/2. J’ai su alors que dessiner c’était mon truc ! Je suis devenu un gros lecteur de mangas au début des années 90, j’ai copié mes idoles : Rumiko Takahashi, Masakazu Katsura, Clamp… J’ai aussi découvert les jeux vidéo japonais et leur univers graphiques impressionnants. C’est grâce à un jeu vidéo que j’ai lu mon premier manga érotique gay, qui le parodiait. J’étais comme un fou : il existait des gens qui dessinaient ce qui m’excitait, avec le style graphique qui me parlait.

Les beaux mecs que tu dessines sont principalement des « bears » (un art qu’on appelle « bara ») ; Y a-t-il une raison particulière pour cela ?

Je pense que je dessine avant tout le genre de personnages que j’aime. Grâce au dessin, je peux accentuer les traits physiques qui me plaisent. Dans le porno gay américain des années 80 et début 90, il y avait une mode qu’on appelait « clone », car il y avait beaucoup d’acteurs calqués sur le même modèle. Il y a un peu de ça dans ce que je dessine ! 

Tu fais également de la BD dans le collectif Dokkun, réservé aux adultes : comment ce projet a-t-il vu le jour ?

Dokkun est né en 2010, alors que je lisais beaucoup de mangas érotiques japonais, et qu’il n’existait aucun équivalent en France. La production de BD amateur au Japon est très conséquente, notamment en amateur (ça s’appelle dōjinshi là-bas). J’ai donc décidé de proposer quelque chose d’équivalent chez nous, j’en ai parlé à quelques amis, et voilà ! Dokkun était né !

Tu as un style de dessin proche du manga, est-ce une influence majeure pour toi ?

C’est ma principale influence, avec les dessins animés japonais et les jeux vidéo (japonais) donc je pense que c’est normal que ça transparaisse dans mes dessins. Cependant, lorsque j’ai proposé mes BD au Japon, on me disait à l’inverse que j’avais un style très occidental !

Que cherches-tu principalement à faire véhiculer dans tes BD ?

Je dessine surtout ce qui me plait. Dans mes BD, j’aime raconter la montée de la tension et de l’excitation avant l’acte sexuel. C’est ce que je trouve le plus intéressant, et le plus excitant ! J’essaye aussi de faire en sorte que mes personnages soient sympathiques et souriants, j’ai envie que les lecteurs puissent ressentir ce que mes personnages ressentent, et la plupart du temps, ils s’amusent beaucoup !

Tu as aussi participé à des fanzines au Japon et en Corée du Sud : comment t’es-tu retrouvé impliqué dans ces projets ?

J’ai réalisé avec un ami un ouvrage intitulé « Le bara ça n’existe pas », en 2012 : c’était une cartographie du manga érotique gay au travers d’une vingtaine d’interview d’auteurs japonais. Nous l’avions publié en français et en japonais. Quand nous sommes allés le proposer au Japon, nous en avons profité pour réaliser un dōjinshi en japonais. J’ai donc réalisé une BD spécialement pour l’occasion. En ce qui concerne la Corée, j’ai été invité à participer à une anthologie par un ami artiste coréen. J’ai participé deux années de suite, c’était une super expérience !

Tu es également très actif dans les salons BD comme la Y/Con (salon de BD LGBT) ou Japan Expo : Est-ce que rencontrer le public est important pour toi ?

À la base du fanzine Dokkun, il y avait l’idée de participer comme exposant à Japan Expo, comme je le faisais 10 ans auparavant quand je dessinais des parodies de manga. Depuis, Japan Expo est devenu un rendez-vous obligatoire et on profite de ce moment pour rencontrer et échanger avec nos lecteurs. C’est aussi l’occasion de retrouver toute l’équipe, DY, Fabian, Hakujin, Ghuraok, Vicktor…
Nous participons également aux deux rendez-vous annuels proposés par Y/CON : la Y/CON près de Paris en décembre et sa petite sœur lyonnaise, la Y/MEN, qui a lieu en octobre. Nous sommes aussi présents au salon BD et Images LGBT à la mairie du 4eme arrondissement à Paris en octobre, ainsi qu’au salon BD manga LGBT organisé par le Centre LGBT de Lyon en juin

Tu as récemment participé au Bogossbook (volume 1 et 2), ce recueil de dessins érotiques qui rassemble plus de 80 artistes du monde entier ; qu’est-ce qui t’intéresse dans ce genre de projet ?

Dans un premier temps, la qualité du livre est exceptionnelle, c’est un vrai plaisir de participer à un livre aussi beau, qui réunit la crème des artistes gays. Et puis, le monde de dessin et de la BD gay est assez petit, tout le monde se connaît, c’est très agréable de voir ses dessins aux côtés d’artistes que j’apprécie et qui sont souvent des amis.

As-tu d’autres projets en cours ?

Je vais continuer à publier Dokkun et à dessiner dedans. Je continuerai à les proposer en ligne sur Dokkun.net, dans les salons dont j’ai parlé un peu plus haut, ou aux librairies Les Mots à la Bouche à Paris et au DogKlub à Lyon. J’ai participé au premier volume de l’anthologie TTBM, sortie en mars aux éditions La Musardine. Je travaille sur une BD fantastique que je publierai en ligne à la rentrée, et qui sera normalement accompagné d’un jeu vidéo sur PC (un « dating sim » avec les personnages de la BD). J’illustre aussi la version française d’un jeu de rôle que j’aime particulièrement, appelé Monsterhearts, qui va sortir en fin d’année.

Propos recueillis par David Foissard, éditeur du Bogossbook.
Pour vous procurer le Bogossbook volume 1 et volume 2, cliquez ici

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