Dessins : Les bogosses de Fabian Ngu

ArtByFab aka Fabian Ngu est un incontournable dans le dessin Ă©rotique masculin, un touche-Ă -tout talentueux qui maĂźtrise aussi bien le portrait que le comics, et qui s’intĂ©resse depuis peu Ă  la linogravure. Il nous parle de son art depuis la Nouvelle CalĂ©donie oĂč il vit actuellement.

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Retrouvez Fabian Ngu dans le Bogossbook volume 2 disponible ici

Fabian d’où te vient cette passion du dessin ?

J’ai toujours été passionné par le dessin ; je suis tombé dans la bédé étant petit. L’envie de reproduire mes héros d’enfance a été une passion qui m’est venue de manière naturelle. Ma mère nous achetait beaucoup de BD pour nous faire lire, j’ai donc grandi avec Mickey, les recueils de Spirou, les supers Tintin, Pif et les super-héros des comics américains.

Du coup, pourquoi dessiner des beaux mecs plutôt que des super-héros ?

J’ai toujours été attiré par l’érotisme du dessin masculin, j’ai d’ailleurs vécu mes premiers émois devant les dessins de Tom of Finland qui m’ont donné envie de dessiner. J’essaie de garder le coté coquin ou tendre d’un homme plutôt que de le sexualiser. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles je trouve que c’est excitant de mettre en avant les garçons « next door ». Je dessine aussi des super-héros, mais j’ai remarqué que bien qu’ils soient souvent dans des positions érotisées avec des combinaisons moulantes, rien ne transparait vraiment, le bulge apparait souvent très plat. Alors dans mes illustrations, j’y place toujours un petit renflement, même sans exagérer, je suppose que c’est ma façon d’apporter mon souci du détail (rires).

Au-delà de l’aspect sexy, on retrouve dans tes dessins des scènes tendres de couples ou de vie de tous les jours :  c’est important pour toi de pouvoir s’identifier à tes personnages ?

Bien sûr, c’est important de pouvoir se reconnaitre à travers une illustration. Le fait qu’elle puisse toucher le plus de gens possible et qu’elle leur fasse écho est plutôt agréable. La tendresse est peu ou rarement représentée dans l’imagerie collective gay. J’aime reproduire des moments intimes, des câlins, la tendresse au quotidien en somme. C’est le genre d’images avec lesquelles j’aurais aimé me construire étant plus jeune, un environnement où les gens sont acceptés et où on peut vivre un amour épanoui. Quoi de plus agréable que de se laisser aller dans les bras de celui qu’on aime.

Il y a une grande diversité ethnique dans tes dessins, est-ce quelque chose qui te tient à cœur ?

Je suis d’origine vietnamienne, il est donc important pour moi de montrer de la diversité ethnique (et même physique) dans mes dessins et de sortir un peu des cases habituelles. Ne se limiter qu’à un seul type de morphologie, c’est un peu triste ; la variété représente d’ailleurs un challenge, et correspond plus à la réalité.

On retrouve chez toi un côté « geek » : tu redessines régulièrement des personnages de comics ou d’animé à ta façon, notamment des héroïnes de BD : les femmes sont-elles une source d’inspiration pour toi ?

Oui ; j’aime dessiner des courbes et des regards envoutants, et je me retrouve beaucoup dans certains personnages féminins ; par exemple, je m’identifiais énormément à Storm (Tornade, NDLR) des X-men parce qu’elle était noire et forte. Les X-men des débuts parlent d’exclusion et de différence : en tant qu’homo, on peut s’identifier avec les “mutants” que sont les X-men. Quand on est un jeune homo, on peut se retrouver facilement avec la peur du jugement des autres, et faire face à leur agressivité à notre encontre, etc. Dessiner des super héros m’a permis d’avoir une adolescence très tranquille et d’être accepté partout, grâce au dessin ; c’était ça mon pouvoir!

Tu as d’ailleurs toi-même créé un comics, The Walking Bed : parles-nous un peu de ce projet qui contient à la fois des beaux mecs et des zombies !

Walking Bed est une parodie de The Walking Dead dont j’aimais beaucoup l’écriture ; pour moi, transposer des héros gays dans un univers avec des zombies, c’était être sûr qu’il ne manquerait jamais d’action et de rebondissement. Le volume 2 est en préparation, il ne reste que quelques planches à finir et des dialogues à mettre dans les bulles. L’ensemble du projet est avancé à 80% et bientôt ceux qui ont lu le volume 1 seront bientôt comblés avec la suite ! La bd est toujours disponible à la librairie les Mots à la Bouche d’ailleurs (à Paris).

Tu as récemment participé au Bogossbook (volume 1 et 2), ce recueil de dessins érotiques qui rassemble plus de 80 artistes du monde entier ; qu’est-ce qui t’intéresse dans ce genre de projet ?

Avoir l’opportunité de faire partie d’un tel recueil, c’est pour moi l’occasion de toucher un public bien plus large. Internet m’a déjà permis de trouver mon petit public via Instagram et Facebook. Même si je connais beaucoup d’artistes ayant fait partie du volume, je suis content d’en découvrir de nouveaux et j’attends impatiemment le volume 2 pour voir si je vais faire de nouvelles découvertes également. 

Tu t’essaies depuis peu à la linogravure : peux-tu nous en dire plus sur cette technique et pourquoi tu t’y intéresses ?

La linogravure est une technique d’impression proche des tampons : on creuse un dessin dans une plaque de linoleum : toute partie évidée donnera la zone blanche du papier lors du résultat final. On travaille en “négatif” en quelque sorte. J’ai étudié cette technique lorsque j’étais étudiant à l’école d’art de Nouméa ; j’avoue qu’au début je n’en étais pas très fan et puis j’ai refait un test et les retours de mes followers et amis ont été très positifs, et m’ont encouragé à m’investir de nouveau dans cette technique. J’aime les défis et aussi changer de médium pour éviter de m’ennuyer en dessinant.

As-tu d’autres projets en cours ?

Actuellement je prépare une exposition d’anciens élèves de mon école d’art qui se déroulera dans 1 mois et demi ; je travaille sur de nouvelles pièces de linogravure en plus de faire des tirages d’illustrations numériques. J’ai l’intention de finir Walking Bed 2 et d’y inclure autant de bonus que lors du premier volume, avec les recherches, les sketches et également des illustrations inédites. On m’a soumis l’idée de faire un recueil de mes illustrations, j’y songe il me faut juste un peu plus de temps, parfois 24h ne suffisent pas dans une journée !

Propos recueillis par David Foissard, éditeur du Bogossbook
Pour vous procurer le Bogossbook volume 1 et volume 2, cliquez ici

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