“Looking” : retour sur LA série gay des années 2010

La série “Looking “diffusée entre 2014 et 2016 avait tout pour être la plus belle série consacrée à des personnages gays: une chaîne prestigieuse, des showrunners brillants, une distribution formidable. Et pourtant, malgré quelques moments magnifiques, elle nous a laissé sur notre faim. Voici pourquoi: 

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1 – De “Weekend” à “Looking”

La série est créée par Michael Lannan, qui se sert de ses expériences d’homme gay pour l’écriture, et surtout par Andrew Haigh qui, avant Sans jamais nous connaître, a réalisé Weekend, un petit bijou qui abordait les relations gay de manière adulte. Ils ont pour ambition de traiter de la vie gay avec le plus de justesse possible et ils font le choix de situer l’action à San Francisco, ville importante dans l’Histoire et l’imaginaire gay. Enfin, Looking, c’est son nom, sera diffusée sur HBO, LA chaîne des séries (Les Sopranos, Sex and the city, Six Feet Under), gage de qualité s’il en est. Quinze ans après Queer as folk, tous les ingrédients sont réunis pour une série ambitieuse qui devrait marquer les esprits. 

2 – Jonathan, Russell, Raùl et les autres

Looking est servie par un cast magnifique, avec plusieurs comédiens ouvertement gays. Le personnage principal est interprété par Jonathan Groff, révélé à Broadway dans la comédie musicale Spring Awakening, vu dans plusieurs séries dont Glee. Depuis il a joué la comédie musicale événement Hamilton et tient le premier rôle dans la série MindhunterRussell Tovey (Years and Years), Raùl Castillo, Frankie J. Alvarez, Murray Bartlett (qui a depuis joué Michael Tolliver, dans Les Chroniques de San Francisco, sur Netflix), ou encore Lauren Weedman, Scott Bakula en daddy très hot (Code Quantum) et Daniel Franzese (Mean Girls).

(c) HBO

3 – Héros perdant

Mettons les pieds dans le plat: le problème vient essentiellement du personnage principal. Paumé, perclus de préjugés pénibles (sous l’effet de l’alcool, il traite le nouveau mec de son ex de “pute à Truvada”), prompt à l’auto-apitoiement, Patrick devient rapidement agaçant et son sort finit par laisser indifférent. On est parti avec du Weekend, on se retrouve avec (parfois) du mauvais Ryan Murphy.

Là où Russell T. Davies, avec Queer as Folk et Cucumber a su créer des personnages sortant de l’ordinaire, ceux de Looking semblent parfois bien trop conventionnels et finalement trop lisses. Presque logiquement, la série n’est pas reconduite après la deuxième saison. HBO accorde à Michael Lannan et Andrew Haigh de clore la série avec un téléfilm, qui se révèle dans la continuité des derniers épisodes… c’est à dire dispensable.

(c) HBO

4 – Des scènes quand même très réussies

Si on se permet de râler ainsi, c’est parce que justement la série a, le temps de quelques scènes ou quelques épisodes en apesanteur, tenu ses promesses. On pense immédiatement au cinquième épisode de la saison une. Patrick et Richie sont en train de tomber amoureux l’un de l’autre. Après une nuit d’amour chez Richie, au lieu d’aller travailler, Patrick décide de passer la journée avec son amant. Ce dernier l’emmène dans un de ses endroits préférés de la ville. Ils parlent d’eux, de cul, apprennent à se connaître. Une petite merveille, quasiment un film à part entière.

(c) HBO

Rebelote à l’épisode 5 de la saison 2 où Richie et Patrick, alors séparés, se rendent dans le quartier où le latino a grandi. L’épisode 7 de la saison 2, où Patrick, Dom et Doris quittent San Francisco pour se rendre à un enterrement offre de vrais moments d’émotions. On se souvient également de cette fête incroyable dans les bois au Nord la Californie au début de la deuxième saison. Au final, Looking n’est jamais aussi réussi que lorsque la série se déporte du centre de San Francisco, comme si les personnages devenaient plus vrais une fois sortis de leur milieu habituel.

Pour ces quelques moments de grâce, on pardonnera malgré tout aux showrunners de ne pas être parvenus à hisser Looking au niveau de leur ambition initiale et de nos attentes. Et finalement, c’est peut-être une bonne nouvelle: la meilleure série gay de tous les temps reste à écrire. 

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