J’en suis où avec l’alcool ?

Le stress du confinement a favorisé le lever le coude entre apéros skype, picole en solo, ou dîners trop arrosés avec son mec ou ses colocs. Avant de fêter comme il se doit la réouverture de nos bars préférés, on fait le point avec Thibaut JEDRZEJEWSKI, médecin généraliste au Centre de santé sexuelle-CeGIDD, le 190 et spécialiste des addictions.

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Vous êtes plutôt kir celtique au chouchen ou vous hydratez votre gosier en pente à la Kékette, la bière normande brassée à Douai ? Le choix du breuvage ne change rien à l’affaire. Dans un pays où les gays s’enivrent un peu plus que la moyenne, les appels sur les lignes d’écoute comme Drogue infos service (0 800 23 13 13) ou Alcool infos services (0 980 980 930) ont augmenté de 27%, selon un relevé de début avril. Le confinement a pu accentuer une fragilité, comme il a pu créer un stress nouveau. Petit bilan en trois étapes.

1 – On évalue sa consommation. 

« Les nouveaux critères donnent 2 verres par jour et pas tous les jours, ou maximum 10 verres par semaine. Au-dessus de ça, sans être alcoolique, on peut être dans une consommation à risques. » On commence par noter sa consommation sur une journée, pour faire une moyenne sur une semaine et voir si l’on est au-dessus ou pas.

Pour vérifier ce qu’est un verre, on clique sur le site Améli. L’idée n’est pas de se culpabiliser mais de savoir où l’on se situe, en tenant compte du contexte. Est-ce du à un mal-être réel qui date d’avant le confinement et qu’il faudra aborder avec un professionnel de santé ou à un nouveau geste que l’on pourra réguler simplement, en se fixant des objectifs ?

2 – On oublie les fake-news. 

L’alcool n’est pas une boisson de santé. Notre culture dédramatise le problème, y compris chez les soignants, qui se préoccupent parfois davantage des produits (les chems) que de l’alcool ou du tabac, auxquels les gays sont très exposés. Pour Thibaut, on parle peu des effets à long terme et on zappe les accidents du court terme : « Un rapport ou une pratique sexuelle non consenties, une agression, une perte de connaissance… ». De quoi laisser un goût amer…

Bien sûr, l’alcool lève les inhibitions et on ne dirait pas non à une série de mojitos, avec un solide marin du Morbihan, face au coucher de soleil de la plage. C’est là que la réduction des risques est intéressante : elle ne nie pas le plaisir, elle n’est pas moralisatrice : « L’idée, c’est de savoir ce que provoque et peut provoquer le produit pour prendre des décisions avant que les conséquences négatives, souvent minimisées au début, prennent le dessus. C’est travailler et réfléchir, en partant de l’expérience et de la demande de chacun » indique le doc.

3 – On s’interroge et si besoin, on demande de l’aide. 

A quel moment ? « Dès qu’on se pose la question, où dès que quelqu’un l’aborde avec vous. C’est surtout avant l’addiction qu’il faut réagir. Demander de l’aide ne veut pas forcément dire qu’on est déjà malade. On peut faire le point avec son médecin généraliste pour commencer. » Savoir si on est accro, c’est accepter de reconnaître certains signes communs aux autres addictions, listés par le médecin : « Beaucoup de temps est consacré à ça, on a du mal à s’arrêter malgré des conséquences négatives, l’envie de boire est irrépressible, on ressent un manque…»

Soutien, groupe de paroles, sevrage avec médicaments adaptés, tous les modes d’accompagnement sont possibles. Le site d’Alcool Info service est super bien foutu, avec une rubrique Vrai-Faux facile à lire. Si ça nous concerne, on ne tarde pas trop. Pour pouvoir ré-inventer un été joyeux, coquin, sans trop de bitures et de maux de crâne.

Tu en veux encore ?