Photos – M. Jordan : “J’aurais vécu volontiers dans la Grèce antique !”

Pour le plaisir des yeux, nous vous offrons les photos d’un modèle bien dans sa tête et dans son corps : M.Jordan. C’est l’occasion de découvrir aussi un garçon passionnant qui, au-delà de ses nombreux shootings avec des grands noms de la photographie, est très impliqué pour les LGBT.

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Où es-tu confiné ?

Bonjour à Jock et à tous, j’ai la chance d’être confiné dans le sud-ouest de la France, dans la nature.

Tu gardes le moral ?

Bien sûr. Un peu de sport, de méditation, une alimentation équilibrée et beaucoup d’introspection font que les journées passent plutôt vite. Et puis c’est temporaire. 

Tu as toujours voulu être modèle ?

Ma carrière de mannequin a débuté par hasard. Moi mon rêve c’était pilote d’avion de chasse ! À San Francisco, il y a 15 ans, j’ai rencontré un photographe qui a insisté tellement que j’ai accepté de poser pour lui. C’est lui qui m’a poussé vers des rencontres et les choses se sont ensuite enchaînées très rapidement. J’ai pris une pause de quelques années lorsque j’ai vécu en Amérique du Nord pour me consacrer à mes activités dans le domaine de la psychologie et la sexologie. Et là encore, une rencontre symbolique a Los Angeles m’a fait me dire, et si on poursuivait un peu, mais cette fois-ci avec un peu plus d’âge et sagesse. Quoique la sagesse… ?

L’un de tes derniers shootings avec José Arroyo a une couleur très fetish. Es-tu toi-même adepte ?

Cette séance fait partie des dernières que j’ai faites il y a quelques semaines à Los Angeles où je me rends très souvent car c’est ma deuxième maison. La direction photo n’a pas souhaité donner une image plus fetish que ça, c’est le jeu de l’accessoire qui primait. En plus, c’est une commande pour un musée plutôt conservateur ! Je crois que c’était un pied de nez pour le coup. Personnellement, je ne me définis pas adepte de ceci ou de cela, l’accessoire peut avoir quelque chose de sensuel, son contact, son odeur (on parle du cuir en l’occurrence), l’image qu’il véhicule, c’est cela qui me parlera plus.

Tu t’y montres aussi très dénudé. C’est important pour toi d’être à l’aise autant dans ta tête que dans ton corps ?

C’est le photographe Paul Freeman le premier qui m’a convaincu de laisser paraître des photos de moi nues et de face. Je suis à l’aise avec mon corps mais lorsque tu fais de la photo, tu livres quelque chose qui risque d’être interprété différemment par le public de ce qui a voulu être dit à l’origine. Je hais le vulgaire, mais il y a de la vulgarité sensuelle! Pour répondre à ta question, les années m’ont appris à être aussi à l’aise dans ma tête que je l’étais déjà mon corps et non pas l’inverse paradoxalement. J’aurais vécu volontiers dans la Grèce antique !

Tu as d’ailleurs travaillé avec des grands noms de la photo comme Pierre & Gilles ou JB Mondino. Une anecdote à raconter ?

Je parlais il y a quelques temps de Pierre & Gilles avec la chanteuse Sylvie Vartan et on était d’accord pour se dire qu’ils sont adorables. J’ai étudié l’histoire de la photo et crois-moi, ils ont une richesse plastique et culturelle dans leur œuvre qui passera à l’ultra postérité. J’étais déjà un grand admirateur de leur travail, alors le jour où ils m’ont emmené dans leur antre et que tu te retrouves dans le studio où les plus grands ont posé de Iggy Pop à Gainsbourg en passant par Madonna, j’étais tétanisé et fier à la fois. Tétanisé car je n’avais aucune instruction de leur part et ce fut ça le secret. Grâce à leur sourire, leur bienveillance et simplicité, le résultat fut magique. 

(c) Cesar Ochoa

Tu as aussi participé à un projet de Lady Gaga pour Rolling Stone Magazine. Comment ça s’est passé ?

Très (trop) vite. Je venais de travailler sur un projet avec la chanteuse Ysa Ferrer lorsque son photographe me contacte pour un projet avec Lady Gaga. Tout s’est très vite passé, à l’américaine. En deux temps, trois mouvements, le shooting et la post production étaient faits et les photos étaient publiées. Ce sont de beaux montages sur le thème d’un cabaret de l’étrange où sur une des photos je suis transformé en marionnettiste en haut de forme, penché sur un petit théâtre, je tiens les ficelles d’une Lady Gaga devenue ma marionnette miniature avec un sac à main Vuitton. 

A côté de ton travail de modèle, tu es aussi très impliqué dans la communauté LGBT. Peux-tu nous en parler ?

J’ai besoin de cet équilibre qui me pousse à m’occuper des autres également. Le modeling peut vite t’enfermer sur toi-même. Lors de mes 10 ans de vie passées en Amérique du Nord, je me suis occupé de personnes perdues, à la rue, rejetées par leur famille et la société, et crois-moi, notre misère française n’est rien à côté. J’ai fait de la prévention, de l’éducation à la sexualité également. J’ai ensuite, en plus de mes diplômes en psychologie, étudié la sexologie à l’université au Canada et me suis d’ailleurs spécialisé en homosexualité et questions de genre. Pourquoi me spécialiser? Parce que je fais partie d’une communauté qui m’a accueilli à bras ouverts et si je peux l’aider en quoique ce soit en retour, je le ferai du mieux que je peux.

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Remember the future… Crédit photo HdeLuxe

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Quelles différences as-tu pu observer entre la France et l’Amérique du Nord concernant les LGBT, la manière dont notre communauté s’organise ou est mise en valeur ?

En France on a énormément progressé mais il reste encore du boulot au niveau de l’acceptation et nous avons des besoins financiers pour avoir plus de structures au service de la communauté dans le besoin comme là-bas. Car être LGBTQIA2+… ce n’est pas seulement être blanc, musclé, beau, riche avec une belle carrière, ça c’est pour la télé, ça passe mieux.

Faire partie de la communauté c’est peut-être cela mais c’est surtout et aussi tous ceux qui sont pauvres, isolés, racisés, obèses, n’ayant pas les moyens de payer leur opération d’assignation sexuelle, et je veux qu’on pense à eux, mon but est de prendre soin d’eux. Depuis mon retour en France, je reçois des patients, des couples autant en psychologie qu’en sexologie. La sexologie est encore récente ici, nous, sexologues reconnus par la profession, sommes encore peu nombreux et travaillons avec les associations telles que AIDES et Act-Up car il est important d’avoir une information à jour et scientifiquement prouvée. On lit et voit tellement de tout sur internet qu’on se doit de faire la police.

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Remember the future… #menunderwear #frenchman

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Quels conseils pourrais-tu donner à nos lecteurs pour vivre au mieux cette période particulière ?

Faites confiance en l’impermanence des choses, tout finit par passer. Profitons de ce moment comme une pause pour nous recentrer sur nous-même, sur qu’est-ce qui nous apporte la sérénité, la paix, comment s’améliorer. Puisqu’on ne peut pas aller à l’extérieur de nos maisons, pourquoi ne pas aller à l’intérieur de nous-même? C’est flippant au début, mais par expérience, on y gagne tellement. Prenez-soin de vous! 

Pour en voir plus :

https://jordan.artfolio.com/
https://www.instagram.com/jordan20.20/

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