De “Love! Valour!…” à “Masterclass” : Terrence McNally en 5 œuvres cultes

Mort mardi des suites du coronavirus, le dramaturge américain Terrence McNally avait bâti une œuvre puissante où l’homosexualité et le sida tenaient une place centrale. De “Love ! Valour ! Compassion !” à “Master Class”, hommage en 5 spectacles phares.

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Marié depuis 2010 avec le producteur Tom Kirdahy, Terrence McNally avait 81 ans lorsque des complications liées au coronavirus l’ont emporté, mardi, dans un hôpital de Floride. Lauréat de 4 Tony Awards et joué dans le monde entier, il n’avait jamais fait mystère de son homosexualité : il a ainsi vécu plusieurs années avec Edward Albee, l’auteur du fameux Qui a peur de Virginia Woolf ?, puis avec l’acteur Bobby Drivas pour lequel il écrivit plusieurs pièces, en particulier The Ritz, dont l’action se passe dans un sauna gay et que Drivas créa en 1975. C’est aussi en pensant à Drivas, mort du sida en 1986, qu’il écrivit une de ses pièces les plus fameuses, Frankie et Johnny in the Clair de lune, qui donnera un film avec Al Pacino et Michelle Pfeiffer.

Terrence McNally et Tom Kirdahy lors de la 73e cérémonie des Tony Awards (9 juin 2019) – Crédit : Arturo Holmes/Shutterstock

Au moins autant que l’homosexualité qu’il a contribué à rendre visible sur scène, le sida est omniprésent dans son œuvre. Retour sur cinq des plus fameux spectacles de celui qui déclarait, en 2019 : « Le monde a plus que jamais besoin d’artistes pour nous rappeler ce que sont vraiment la vérité, la beauté et la gentillesse ».

Lips together, teeth apart (1991)

Un an après avoir remporté un Emmy Award pour le scénario d’un très beau téléfilm sur le deuil d’un amant mort du sida (Andre’s mother), McNally signe Lips Together, Teeth Apart sur la peur irrationnelle envers les gays et les malades du sida. La pièce met en effet en scène deux couples hétéros passant un week-end dans une villa de Fire Island dont l’un des propriétaires vient de mourir du VIH. Les invités sont terrifiés à l’idée d’utiliser sa piscine, ses couverts, ses draps… Monté off-Broadway, le spectacle est joué plus de 300 fois à sa création.

Kiss of the Spider Woman (1993)

On ne connaît guère en France que le film réalisé en 1985 par Hector Babenco, Le Baiser de la femme araignée. Mais le roman de l’Argentin Manuel Puig a aussi inspiré en 1993 une comédie musicale créée à Broadway en 1993. Stars du théâtre musical, les très gays Fred Ebb et John Kander (à l’origine de hits comme Cabaret) s’associent avec McNally pour le livret de ce nouveau spectacle racontant la cohabitation dans une prison sud-américaine d’un travesti et d’un prisonnier politique. Gros succès, ce spectacle vaut à McNally son premier Tony award.

Love ! Valour ! Compassion ! (1995)

Huit gays réunis dans une grande maison de campagne forment le chœur de cette pièce acclamée où il est question de couples unis ou en crise, de sexualité, d’esprit communautaire et de solidarité puisque le point d’orgue du spectacle est constitué par les répétition du Lac des cygnes par les huit hommes pour un gala au profit des malades du sida… Mélangeant légèreté et gravité, Love ! Valour !… inspire très vite un film et sera monté en France quelques années plus tard.

Master Class (1996)

Fanny Ardant puis Marie Laforêt interprétèrent à Paris, sous la direction de Roman Polanski, cette pièce éblouissante dans laquelle McNally reconstitue les leçons de chant données par Maria Callas à trois jeunes élèves. Drôle, cruelle, égoïste, touchante, la “diva assoluta” devient, sous la plume inspirée du dramaturge, un personnage inoubliable.

Corpus Christi (1998)

Les polémiques pleuvent aux Etats-Unis lors de la création de cette pièce, McNally devenant la cible de ligues catholiques et de groupes conservateurs, outrés de la manière dont l’auteur relit la vie du Christ et de ses apôtres. En effet, dans la pièce, tous sont gays… Près de 2000 personnes protestent devant le théâtre lors de sa création à New York ! La pièce obtient néanmoins, peut-être à cause du scandale, un grand succès.

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