Mathias Casado Castro, le photographe qui aime danser

Les clubbeurs parisiens connaissent Mathias. DerriĂšre son appareil photo, il a arpentĂ© les dance-floors de presque toutes les soirĂ©es gay (et pas que) de Paris. De lĂ  Ă  trouver les modĂšles qui allaient l’inspirer, il n’y avait qu’un pas. Qu’il a franchi plutĂŽt facilement. Rencontre.

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Mathias Casado Castro a initialement une formation d’audiovisuel. Il est arrivĂ© Ă  Paris, il y a un peu plus de 20 ans. Il est devenu photographe un peu par hasard grĂące Ă  des amis qui travaillaient pour le magazine TĂȘtu.

Il a ainsi photographiĂ© la nuit LGBT pendant plus de 10 ans : un portraitiste en mode reportage. Les clubs ont Ă©tĂ© un vĂ©ritable vivier de modĂšles pour lui. Il lui a fallu de longues annĂ©es pour accepter et assumer le fait qu’il Ă©tait photographe parce que justement, il a appris le mĂ©tier seul, en autodidacte.

On connaĂźt ton travail Ă  travers tes photographies de garçons en club qu’on a pu voir dans de nombreux magazines. Comment te renouvelles-tu ? 

Les clubs ont Ă©tĂ© un vivier incroyable oĂč trouver des modĂšles. C’est le cas encore maintenant, mĂȘme si faire des photos en boĂźte est devenu exceptionnel. Le choix des modĂšles se fait sur le feeling du moment. Faire le portrait d’un p’tit gars en club, en mode reportage me permet de sentir si je peux faire un shooting photo dans un autre contexte. Les rĂ©seaux sociaux sont Ă©videmment une source nouvelle de casting mais finalement je prĂ©fĂšre voir la personne en vrai. J’aime photographier les danseurs, notamment ceux du hip hop, de la house et du voguing. J’aime profondĂ©ment la danse, j’aime danser depuis que je suis tout petit, je suis trĂšs sensible au mouvement, Ă  la sensualitĂ© des corps en mouvement et au plaisir intense que peut provoquer la danse. Plaisir que je cherche Ă  capter en photographie. 

Tes modĂšles ne sont pas toujours des garçons qu’on a l’habitude de voir dans l’imagerie classique gay
 Ils ressemblent plus Ă  ceux qu’on croise dans la rue. Comment parviens-tu Ă  les mettre en confiance ?

C’est trĂšs variable. Au dĂ©but, mes modĂšles Ă©taient d’abord, des beaux garçons bien foutus. Mais avec le temps, je me suis rendu compte que ce qui dĂ©clenchait chez moi l’envie de les photographier, c’était leur visage. Le corps passait aprĂšs. Ce qui fait que maintenant mes modĂšles peuvent ĂȘtre trĂšs diffĂ©rents en corpulence. Et bien sĂ»r, il faut qu’il y ait une diversitĂ© d’origine ethnique. J’ai des goĂ»ts vraiment Ă©clectiques et heureusement ! Donc oui, ce sont des gars qu’on peut croiser dans la rue, des boys next door. Cela dit on peut croiser dans la rue des apollons au corps sculptural
Pour ce qui est de la confiance, je ne sais pas trop comment je fais, en fait ! Je pense que les modĂšles sentent mon professionnalisme. J’instaure trĂšs vite un rapport de travail avec eux, chacun Ă  sa place, avec de l’écoute et du respect. 

Quels sont tes plus beaux souvenirs de shootings ?

MĂȘme si photographier en club a Ă©tĂ© trĂšs fatigant, je suis heureux de ce travail qui constitue une rĂ©elle Ɠuvre photographique artistique et documentaire. Je vais commencer sĂ©rieusement Ă  me plonger dans mes archives pour en sortir un projet d’exposition. Photographier me procure beaucoup de joie et de plaisir, c’est le moment que je prĂ©fĂšre rĂ©ellement. L’editing est douloureux parce qu’il faut choisir. Il y a vraiment trĂšs peu de shootings qui m’ont laissĂ© un mauvais souvenir en fait. L’annĂ©e derniĂšre, la rĂ©alisation des visuels de l’affiche du 34Ăšme Festival International de Mode, de Photographie et d’Accessoires de Mode Ă  HyĂšres a Ă©tĂ© un moment magique et inattendu. Une chance incroyable grĂące Ă  Jean-Pierre Blanc et la Villa Noailles.

Quels sont les photographes qui t’inspirent aujourd’hui ? 

Je reste un grand fan de François Rousseau parce qu’il a Ă©tĂ© pour moi le premier photographe qui m’a rĂ©ellement donnĂ© envie de devenir photographe « pour de vrai Â». J’aime aussi beaucoup HervĂ© LassĂŻnce parce qu’il photographie l’intimitĂ© merveilleusement bien. J’aime aussi le petit grain de folie d’Audoin Desforges dans ses portraits de personnalitĂ©s.

As-tu des projets ?

J’ai toujours plein de projets en tĂȘte. LĂ , dans l’immĂ©diat, je concrĂ©tise mon exposition. J’aimerais clore des chapitres de mon travail par des expositions sur la danse dans le hip hop, sur la house et le voguing, sur mes annĂ©es clubbing. J’aimerais aussi revenir Ă  un sujet que j’ai commencĂ© il y a quelques annĂ©es sur le mode reportage : la boxe. Mais sur le mode de la fiction, photo et vidĂ©o.

Vous pouvez suivre et retrouver le travail de Mathias Casado Castro sur Instagram ou sur son site 

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