Roberto Labuthie (Le Quetzal) : « Les lieux LGBT du Marais doivent continuer à exister ! »

En tant que responsable d’établissements, au Cox et maintenant au Quetzal, dont il est le directeur, puis en tant que délégué du Sens en Ile de France, Roberto Labuthie est un observateur privilégié de la nuit gay à Paris. Pour Jock.life, il déshabille la nuit !

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Quelles sont les nouveautés au Quetzal? 

L’actualité du Quetzal est complètement orientée vers la convivialité dans des ambiances musicales variées où tout le monde peut, entre amis, profiter de nos rendez vous réguliers comme « Les amis », « Welcome to » « aperoberto » et le « jukebox”. Nous avons travaillé notre look également, comme certains d’entres vous ont déjà pu le constater avec notre déco “Connect People”. Parmi les prochains événements : l’anniversaire de R.O.B et l’apéro du vendredi 27 mars à l’occasion de la rub’week, l’apéro des Ours de Paris, du TIP et de la Paris Fetish en mai. Sans oublier les 33 ans du Quetzal mi-avril avec une déco spéciale  et plein de surprises.

Qu’est-ce qui explique le succès du Quetzal depuis de nombreuses années ?

Nos clients !  Avec plus de 30 ans d’existence le Quetzal est un lieu de vie, très connu et surtout apprécié de sa clientèle qui y trouve la chaleur des relations humaines authentiques. Son succès s’explique aussi par sa position centrale dans Paris, et par son agencement qui permet à la fois d’accueillir de nombreux clients et clientes tout en conservant un côté cosy, convivial. Les associations s’y retrouvent régulièrement pour y organiser des sessions de prévention, d’information, et on est tout à fait en mesure de profiter de la fête ou de choisir d’être davantage en retrait et échanger avec ses ami.e.s dans l’intimité. Les lieux LGBTQIA+ du marais doivent continuer à exister si l’on veut pouvoir profiter d’espaces safes en dehors de nos propres appartements. Le Quetzal est un de ces lieux ouverts à l’extérieur et où il est facile d’entrer. Les événements organisés dans le cadre de la quinzaine des fiertés et de la fête de la musique ont reçu un excellent accueil du public. Nous recommençons en 2020 !

Y a-t-il un “client type” du Quetzal? 

En semaine, nos clients sont majoritairement des hommes, gays, entre 30 et 40 ans qui viennent pour se détendre après leur journée de travail. Lors des évènements musicaux, ludiques, les générations se mélangent davantage et se diversifient également en fonction des soirées. Le Quetzal est un lieu fréquenté aussi par les touristes et vous pourrez y exprimer vos compétences linguistiques en toute liberté.


On parle régulièrement de la lente disparition des quartiers gays des grandes villes. Penses-tu que le Marais soit condamné au même sort?

La gentrification du Marais est bien réelle, il devient un quartier vitrine. Ce n’est plus seulement de bars gays ou de lieux festifs dont il s’agit, mais bel et bien d’un ensemble de services et de commerces diversifiés qui étaient implantés dans le quartier du Marais en affichant clairement une orientation vers les gays et une appartenance identitaire visible dans l’espace public qui disparait.  A nous, commerces et associations, d’avoir la volonté de conserver les tissus sociaux et économiques de celui-ci et d’être une force de proposition tous ensemble.

Tu as été délégué prévention du Sneg à Paris. Comment as-tu vu l’évolution de la prévention dans les établissements ces dernières années, notamment avec l’arrivée de la PrEP ? 

La nécessité de l’action préventive est plus que jamais nécessaire mais doit s’adapter aujourd’hui à un contexte en mutation : il s’agit à présent de rendre accessible une multitude d’informations complexes. Il faut pouvoir synthétiser et surtout vulgariser cet ensemble de connaissances afin de diffuser, in fine, des messages clairs quant aux pratiques, que chacun pourra ensuite s’approprier. L’ensemble des actions de prévention demeure indispensable, mais ne semble pas suffisant pour réduire les comportements à risque chez une population particulièrement informée où les préservatifs sont largement disponibles et le dépistage accessible avec une offre complémentaire aujourd’hui autour de la PrEP.

Quel est ton premier souvenir de clubbing ou de bar gay? 

C’est le Gay Tea Dance du Palace, le dimanche soir. Cet endroit était magique par la variété de sa population et l’énergie positive qui s’y dégageait.


Que t’inspire l’état de la nuit gay en France actuellement? 

Il y a un vrai choix de soirées LGBTQIA+ qui se développe, porté par des organisateurs créatifs et inclusifs. C’est  à nous, associations et commerçants, de continuer à travailler nos offres pour les enrichir.


Dernière question, puisque la rubrique s’appelle “On déshabille la nuit”, tu dors plutôt nu ou habillé?

Ça dépend de qui m’accompagne !

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