Pourquoi Judy Garland est-elle devenue la première icône gay ?

C’est Renée Zellweger qui interprète Judy Garland dans le film Judy qui raconte les dernières années de sa vie à Londres. Elle y est époustouflante de vérité, au point d’avoir raflé tous les prix d’interprétation féminine dont l’Oscar. Une des scènes les plus « sortez les mouchoirs » du film est celle où Judy se retrouve chez des fans gays… Parce que oui, Judy Garland était l’une des premières icônes gays, sinon la première. On vous dit pourquoi

1 – Le Magicien d’Oz

Le film de 1939 est une œuvre majeure dans l’histoire du cinéma mondial. Au départ, il est tiré d’un livre pour enfant et avait été commandé par Louis B. Mayer, patron tout puissant de la MGM pour concurrencer Disney, qui venait de faire un tabac avec Blanche Neige et les sept nains. Très vite, l’histoire de l’héroïne, Dorothée, a une résonnance particulière chez les gays : l’importance du rêve comme échappatoire à la réalité et la recherche permanente d’un éventuel « pays d’Oz » qui protègerait tous les gens différents des menaces que la société pourrait générer… Et on ne va pas se mentir, quel gay n’a pas eu envie, un jour d’avoir, des souliers de rubis, comme Dorothée ? Un remake Motown (plutôt dispensable) a été réalisé par Michael Jackson en 1978 avec dans le rôle de Dorothée… Diana Ross, une autre icône gay !

2 – Are you a “friend of Dorothy” ?

Avant les années 70, dire qu’on était ” un ami de Dorothy” était comme un code qui signifiait « Je suis gay ». Un peu comme un clin d’oeil au Lion du Magicien d’Oz, peureux et très efféminé, le cliché homophobe qui circulait (et circule encore) sur les gays. Les Anglais, avec leur humour so british, disaient, eux, qu’ils étaient Friends of Mrs King…

Être un ami de Dorothy est aussi une référence à la vie qu’a vécue Judy Garland : extraordinaire mais aussi dramatique tant on a voulu la formater, la modeler. Au prix de sa santé, évidemment. Précurseuse malheureuse de la longue lignée des Elizabeth Taylor, Whitney Houston et autres Amy Winehouse… Pas étonnant que Judy soit si juste dans Une Etoile est née (dont Barbra Streisand et Lady Gaga ont fait d’autres versions) tant on peut y voir des similitudes avec sa vie…

3 – Des maris très gays mais pas que…

Judy Garland s’est mariée cinq fois. C’est son mariage avec Vincente Minnelli (le papa de Liza) qui défraya le plus la chronique. En effet, le réalisateur vivait à New York avant de rencontrer Judy et était complètement out. C’est à Hollywood qu’il est retourné dans le placard. Leur mariage dura quand même six ans ! En 1969, elle a retrouvé son quatrième mari, l’acteur Mark Herron au lit avec un autre acteur Henry Brandon. Les deux amants gays vivront ensemble jusqu’à la mort d’Henry en 1990 ! Le gaydar de Judy n’a jamais été très bon, au point que c’est elle qui a présenté Peter Allen à Liza. Il sera le premier gendre de Judy. Gay, lui aussi.

4 – Le Rainbow flag

Le lien entre la chanson Over the Rainbow et le Rainbow flag n’a jamais vraiment été établi. Même si Gilbert Baker, le créateur du drapeau (à la demande d’Harvey Milk), était fan de Judy Garland et qu’il aurait pu être inspiré par la chanson. 

5 – Le 27 juin 1969 : Stonewall !

Judy Garland est morte le 22 juin 1969 à Londres. Elle avait 47 ans. Cinq jours plus tard, ont lieu ses funérailles à New York, le 27 juin. Une foule immense est venue se recueillir devant la dépouille de la star. Tout le monde, dont beaucoup de gays, était sous le choc. Quelques heures plus tard, le 28, ont commencé les émeutes de Stonewall. Le mythe voudrait que les gays endeuillés aient refusé que la police intervienne au bar le Stonewall Inn. Tout ça n’est bien sûr, qu’un mythe, mais Sylvia Rivera, l’une des personnes transgenres (avec Marsha P. Johnson) à l’origine de la rébellion contre les forces de l’ordre à Stonewall, a déclaré : « La plus grande chanteuse, la plus grande actrice n’est plus. Plus jamais Over the Rainbow ! C’est la fin d’une époque… ». Et le début d’une autre…

Judy, en salle le 26 février 2020