Miss You : “Avec les ateliers d’autodéfense, j’offre une solution à l’augmentation d’agressions homophobes”

Article paru dans Strobo Mag de février 2020

Pourquoi organiser des ateliers d’autodéfense ?

Je m’appelle Miss You, créature animant, entre autres, la discothèque le Tango. Suite à une agression en juin 2019 avec des copines drag, j’ai constaté que je n’étais pas du tout préparé à ce genre de situations. Je ne pouvais pas me satisfaire de la position de «simple» témoin ou de victime réclamant toujours plus de répression. Je voulais proposer une solution concrète face à l’augmentation d’agressions homophobes et transphobes observée ces derniers mois. J’ai donc organisé un atelier test en septembre dernier et, face à l’intérêt suscité dans toute la communauté, j’ai décidé d’en programmer un par mois de février à juin 2020.

Quel est l’objectif ?

Il ne s’agit pas de te transformer en ninja en une après-midi mais de te donner des clés pour te sortir indemne en cas de conflit violent : garder ton sang-froid, analyser la situation, alerter, envisager la fuite, utiliser des techniques de défense si besoin…

En pratique, comment se déroule un atelier ?

Dal, spécialiste en arts martiaux et en sports de combats, mène les ateliers de manière adaptée, inclusive et bienveillante. Le même atelier est proposé tous les mois. Il dure trois heures avec des exercices, la plupart du temps par deux, en alternant le rôle d’assaillant ou de victime. Concrètement, on t’apprend à parer et esquiver des attaques, à te libérer d’une prise et à donner des coups si besoin, avec maîtrise et sans se blesser. Enfin, on sort les gants de boxe pour apprendre, en se défoulant joyeusement, à ne pas fermer les yeux face à un agresseur. 

Qui peut participer ? Y-a-t-il des pré-requis ?

C’est ouvert à toute personne de la communauté LGBTQI+ qui le souhaite. C’est très accessible physiquement car les techniques ne reposent pas juste sur notre force mais sur la mobilité ou des points stratégiques. Des sessions spécifiques peuvent être organisées (associations, drag, trans, femmes…).

Peut-on être « non-violent » et participer à un tel atelier ?

La communication non-violente permet de désamorcer des conflits mais malheureusement cela ne fonctionne pas toujours. On n’incite pas à la violence mais il ne faut pas te culpabiliser de devoir rendre des coups si on t’y pousse. Mais attention, tu dois répondre de façon mesurée. A toi de t’approprier les techniques enseignées en fonction de tes convictions et tes limites. Dans la vraie vie, on mobilise ce que l’on peut pour se sortir d’un faux-pas et on peut même se surprendre. 

Qu’est-ce que la légitime défense ?

Selon le code pénal, pour que la légitime soit reconnue, il faut que certaines conditions soient réunies : être attaqué de façon injustifiée et menaçante, ne pas avoir d’autre option que de riposter pour se protéger et répondre de façon proportionnée.  ATTENTION ! Il faut réagir de façon mesurée sinon tu deviens juridiquement l’agresseur avec toutes les conséquences que cela implique : casier judiciaire, dommages et intérêts… [Textes de réf : code pénal (art. 122-5 et 122-6).]

Quels sont les retours de l’atelier test ?

C’était très convivial avec un bon esprit de groupe. Les élèves ont tous témoigné qu’ils se sentaient plus sûrs d’eux après y avoir participé. Je conseille néanmoins de refaire le même atelier plusieurs fois pour approfondir et consolider les techniques. Avant mon premier atelier, j’avais peur de montrer mes faiblesses et de me confronter à la violence même si ce ne sont que des exercices. Ok, je ne suis pas devenu un pro de la bagarre mais je sais qu’aujourd’hui, je peux mieux m’en sortir.

INFOS PRATIQUES 

Dimanches 29 mars, 12 avril, 10 mai et 7 juin. De 15 h à 18 h. Au Tango, 13 rue au maire 75003 (m° Arts et Métiers). Prix libre.

Inscription obligatoire par mail : missyoufromparis@gmail.com (prénom ou pseudo, email et téléphone, date de l’atelier). Prévoir une tenue de sport ou de circonstance (notamment talons pour les drag-queens).