DVD : On craque pour les chassés-croisés amoureux de “Clément, Alex et tous les autres”
Deux colocataires — un gay et une lesbienne — cherchent un ou une troisième coloc, homosexualité exigée, dans Clément, Alex et tous les autres, charmante comédie sentimentale qui sort en DVD.
Lorsque David quitte Paris pour Nantes, une chambre se libère dans le grand appartement qu’il partageait avec Clément (le roux Yannis Bougeard) et Alex (la craquante Carolina Jurczak). À vrai dire, avec David (David Mora, échappé de Scènes de ménage), ce n’est pas juste un coloc que perd Clément, mais son boyfriend. Difficile de ne voir que que la recherche de son remplaçant ne va pas être simple. Le film commence par cette quête de la perle rare : l’annonce passée par Clément et Alex attire de nombreux candidats, tous gays ou lesbiennes puisque c’était la condition… Parmi les postulants, le joli Léo (Bellamine Abdelmalek) se démarque et devient officiellement le troisième homo du grand appartement. Sauf que, bien sûr, tout n’est pas si simple…
Grâce à la caméra complice et pleine d’empathie de Cheng-Chui Kuo, on devient, pour 1h30, un membre du petit groupe qui compte aussi Anne, la sœur de Clément, seule hétéro à être acceptée dans les lieux, et Maeva, copine lesbienne de Léo, dont on comprend vite qu’elle n’est ni lesbienne ni simplement son amie.
Construite en forme d’allers-retours entre passé proche et présent, cette chronique aussi pleine de charme que ses interprètes nous fait découvrir peu à peu ces personnages qui ont bien du mal à sortir de l’adolescence. On apprend notamment à connaître Clément, ses pertes successives et douloureuses d’une mère et d’un grand amour, sa relation compliquée avec son père marin, ses tentatives pas très convaincantes de devenir réalisateur, son sentiment de trahison et d’abandon lorsque David a accepté son nouveau poste loin de Paris…
S’il est sans conteste le protagoniste le plus développé de cette histoire chorale, les autres, avec leurs failles, leurs fragilités, leurs petits ou grands mensonges, n’en sont pas moins attachants. Anne en particulier, que l’on croit forte avant de découvrir que, par dépit, qu’elle a décidé de mettre un terme à sa vie amoureuse. Et ce juste au moment où…
Second long métrage de Cheng-Chui Kuo après un court nommé aux Césars et un long inédit en France, Forêt Debussy, tourné à Taïwan, son pays d’origine, Clément, Alex et tous les autres est l’adaptation d’une pièce qu’il avait écrite et montée à Paris en 2006. De ces origines scéniques, le film a conservé le cadre du lieu unique (ou presque) et un sens tout à fait bienvenu des dialogues et des situations. Pourtant, on ne sent jamais le côté “théâtre filmé” ici, tant la mise en scène discrète et très fluide du jeune cinéaste réussit à donner corps à ces chassés-croisés sentimentaux, avec leur lot de querelles, de rapprochements, de quiproquos, d’incompréhensions et surtout de tendresse.
Car c’est bien ce qui frappe ici : l‘évidente tendresse du cinéaste pour ses personnages, un sentiment qu’il parvient à partager avec ses spectateurs. Ce n’est pas une mince réussite.
En bonus dans le DVD, un livret de 12 pages et un court métrage de Cheng-Chui Kuo.
