On a vu le film “Cats” et ça vaut son pesant de croquettes !

RĂ©putĂ© inadaptable (Spielberg s’y Ă©tait, un temps, intĂ©ressĂ©), “Cats” arrive au cinĂ© 38 ans aprĂšs sa crĂ©ation sur scĂšne. Et malgrĂ© son casting cinq Ă©toiles, le film rĂ©alisĂ© par Tom Hooper (rĂ©alisateur des « MisĂ©rables Â») fait dĂ©jĂ  l’unanimitĂ© contre lui. Alors, est-ce la CATastrophe annoncĂ©e ?

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On ne va pas y aller par quatre chemins. Voir Cats, c’est comme passer deux heures en after après avoir un peu trop abusé des acides. Car oui, l’adaptation de ce musical culte d’Andrew Lloyd Webber inspiré des poèmes de T.S. Eliot est à la hauteur des premières bandes annonces qui nous avaient déjà hérissé le poil : malaisante et esthétiquement inadaptée.

Il faut dire que le show original en tenait déjà une couche en terme de bizarrerie. Imaginez un peu : des artistes déguisés en félins qui font des entrechats dans une décharge publique pour savoir lequel d’entre eux partira dans un paradis intergalactique avant de se réincarner. Tout un programme ! Bien que très « weird », la version scénique a pourtant su convaincre des générations de spectateurs, les gays en tête – on pense à la pièce homo Jeffrey où l’un des personnages jouait justement dans Cats. Pourquoi cet engouement ? Car derrière le côté hallucinogène de l’ensemble, il y a la partition implacable de Andrew Lloyd Webber, le tube Memory, des numéros chorégraphiés impressionnants et surtout un refus d’un réalisme qui aurait vite fait de virer au kitsch. Comme plus tard dans Le Roi Lion, les animaux sont, en effet, stylisés dans un esprit neo glam-rock. Ils ont troqué fourrures et moustaches pour des bodies moulants, des perruques permanentées à faire pâlir d’envie Bonnie Tyler et un maquillage qui fait toujours date dans l’histoire du théâtre musical. 

Taylor Swift dans “Cats”. Crédit : Universal Pictures

Tout l’inverse, en somme, de la proposition cinématographique de Tom Hooper. S’accordant quelques libertés avec l’oeuvre originale (nouveau décor, « personnages » plus développés, changement de sexe de l’un des chats), le réalisateur choisit, lui, de pousser l’anthropomorphisme à son paroxysme. Il recouvre ainsi tout son casting (qui doit encore s’en mordre les griffes) d’un pelage synthétique. Fausse bonne idée donc qui nous offre à une débauche de laideur (les décors en images numériques n’aident pas) et, surtout, qui nous met dans un inconfort perpétuel face à ces chats bioniques aussi plats que Ken et Barbie. Le procédé est d’autant plus pervers qu’il nous pousse, nous si innocents, à avoir de vilaines pensées : mais comment font-ils pour faire leur besoins… pire pour se reproduire ? Face aux nombreuses critiques que le film suscite depuis sa sortie aux USA vendredi dernier, Tom Hooper rame pour se justifier en disant qu’il a dû passer plusieurs nuits blanches pour terminer l’oeuvre à temps. Une nouvelle version avec des effets spéciaux améliorés a même été renvoyée aux cinés américains cette semaine afin de limiter les dégâts et d’éviter un échec cuisant au box-office ! Pas de chance, en France, il faudra se contenter de la première version.

Tout n’est pourtant pas à jeter dans ce Cats. Déjà, parce qu’il y a du beau monde à l’écran : Taylor Swift, la démente Rebel Wilson, James Corden, Ian McKellen, Judi Dench. Et comme par accident, le film s’autorise même deux-trois instants de grâce lorsque la caméra abandonne son hystérie mal contrôlée. C’est le cas avec la chanson inédite Beautiful Ghost, écrite par Taylor Swift et interprétée par Francesca Hayward, la révélation du film. Sans oublier LE moment attendu : Memory où Jennifer Hudson livre une interprétation personnelle et très poignante de la chanson immortalisée par Barbra Streisand. Un numéro qui aurait très bien pu lui valoir une nomination aux Oscars… si le film était sorti à temps pour concourir !

Vous l’aurez compris. En ce jour de Noël, Cats est une expérience difficile qu’il sera difficile de digérer entre la dinde et la bûche. Les fanas de comédies musicales ou de l’oeuvre originale pourront se risquer à cette partie de « chat perché ». Les autres auront plus vite fait de passer leur tour et de prétexter… qu’ils sont allergiques aux poils de chats. 

Cats, un film de Tom Hooper
Sortie en salle mercredi 25 décembre

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