« Les Reines de la nuit », une plongée touchante dans l’intimité des artistes transformistes

Publié le

« Les Reines de la nuit », documentaire de Christiane Spièro a une ambition : donner la parole à celles et ceux qui ont la passion du transformisme.

Les Reines de la nuit
Image extraite du documentaire « Les Reines de la nuit », de Christiane Spièro - Zelig Films distribution

Documentaire visible dans quelques salles dès aujourd’hui, Les Reines de la nuit a une ambition : donner la parole à celles et ceux qui ont la passion du transformisme et font le bonheur des nombreux.ses spectateur.rice.s qui vont en masse assister à leurs shows dans les quelques cabarets parisiens passés maîtres dans cet art qui consiste à incarner des stars de la chanson ou des personnages burlesques dans une ambiance bon enfant.

Numéros flamboyants

Elles s’appellent Eva Carlton, Framboise, Galipette, Lulubelle, Pétunia, Sweety ou encore Vénus. Chaque soir (et même parfois en matinée), ces créatures donnent le meilleur d’elles-mêmes sur les scènes parisiennes : elles chantent, en live ou en play-back, dansent, tout à tour amusent ou émeuvent dans des numéros flamboyants. La documentariste Chritiane Spièro a surtout choisi de nous plonger dans l’envers du décor, dans les coulisses de l’exploit et dans l’intimité de ces hommes arrivés là par hasard, souvent, ou par vocation, parfois, et qui se sont pris au jeu du transformisme pour le plus grand plaisir d’un public toujours plus nombreux.

 

Après les paillettes et les spotlights

Le film fait la part belle à la parole, aux témoignages de ces hommes gays ou de ces femmes trans, démaquillé.e.s, après les paillettes et les spotlights. Et c’est là la grande force de se documentaire : le recueil de confidences, les récits de parcours de vie tous très différents, les drames et les moments de grâce, leur rapport aux idoles ou personnages burlesques incarnés chaque soir, ou encore la façon dont le métier devient passion et occupe une majeure partie de la vie personnelle.

La réalisatrice, aguerrie par des années de documentaire télé sur des sujets de société, a su établir une relation de confiance pour permettre aux artistes d’avoir une parole très libre, notamment quand ils ou elles abordent leur enfance, la découverte de leur identité ou de leur sexualité, tout comme la difficulté de se retrouver soi en tant que personne une fois les robes raccrochées aux cintres et les faux-cils décollés.

Ce que raconte aussi Les Reines de la nuit, c’est la solidarité, la famille qui se créée entre artistes sur un mode proche des familles de voguing du New-York des années 90

Ce que raconte aussi Les Reines de la nuit, c’est la solidarité, la famille qui se créée entre artistes sur un mode proche des familles de voguing du New-York des années 90 : familles de substitution, choisies, de cœur et de passion qui se créent par besoin d’échanger avec celles et ceux qui font un métier si particulier (et pas que des conseils maquillage, perruques ou couture !) mais surtout par le besoin de se soutenir face au monde extérieur et à l’homophobie ou la transphobie.

C’est de là que viennent les moments les plus bouleversants et les plus surprenants aussi quand on s’aperçoit que, de l’intérieur même de la communauté LGBT, les critiques peuvent être dures et une forme de mise à l’écart s’opérer souvent.

Si l’exercice n’est pas complètement réussi, c’est qu’il semble faire passer au second plan l’élément majeur de la vie de ces reines de la nuit : le show, le spectacle, la scène. Les rares extraits de numéros scéniques sont quasi muets, les chansons originales remplacées la plupart du temps par une musique d’illustration. La façon dont ils et elles sont filmées confine à l’amateurisme et ne rend vraiment pas justice au travail de ces équipes. Ces détails, qu’on imagine résultant d’un manque de moyens et qui ne seraient pas choquants pour un documentaire télévisé, amènent même à faire douter de la pertinence d’une sortie du film en salles. Dommage.

 

« Les Reines de la nuit »
Réalisation : Christiane Spièro
Documentaire – 1h20
Distribution : Antoine d’Oria, Bruno Perard, Pascal Papazian, Jérôme Mehats, Christophe Carlotti, Philippe Benhamou, …
En salles le 3 décembre 2019