Rencontre avec Gregg et Antoine (Milk Bar), le couple gay qui fait bouger Rouen

En partenariat avec wag-mag.fr, le magazine LGBT de l’Ouest et du Sud-Ouest

Ces derniers temps Rouen occupait la page sombre des JT. Laissant cette histoire derrière nous, que diriez vous pour positiver l’image de votre ville?

Gregg : Rouen est une ville riche d’histoire. C’est aussi un site très touristique et nous accueillons chaque jours de nombreux voyageurs du monde entier. Si l’accident survenu en octobre a impacté les commerces et la région, je suis heureux de constater que tout cela est désormais derrière nous et que la ville semble avoir repris une activité normale.

Antoine : Rouen est une ville attractive. On remarque depuis quelques années que les touristes affluent à toute époque de l’année. Son Histoire et son patrimoine, ses sorties culturelles, son emplacement géographique (à deux pas de la capitale et des côtes normandes) la rendent très intéressante. Il émerge de petits établissements çà et là qui valent le détour, qui renforce cette idée de grande ville à taille humaine.

Le Milk, votre établissement, est un peu le poumon de la vie LGBT à Rouen. Quelle est l’ambiance du bar?

Gregg : Le Milk a toujours été un établissement propice aux rencontres et à la bonne humeur. L’ambiance y est conviviale voire parfois décalée (surtout lors des soirées spéciales). Nous mettons un point d’honneur à ce que nos clients s’y sentent bien. Cela passe par l’accueil et l’écoute, le tout dans un esprit de fête.

Antoine : Cc’est un lieu décontracté où nous sommes à l’écoute de nos clients. On laisse nos problèmes à l’extérieur, on y vient passer un moment de convivialité à l’apéro. D’ailleurs, nous sommes ravis d’avoir une très large clientèle, allant des jeunes étudiants aux retraités. Ça apporte un vrai plus à l’atmosphère du bar, ça favorise les échanges.

Vous semblez vous impliquer dans la communauté LGBT locale. Pour vous, est-il important d’avoir un esprit communautaire en 2019?

Gregg : Combattre l’injustice est important et le tissu associatif rouennais est plutôt actif dans ce sens (ce qui est une bonne chose). Le Milk soutiendra toujours les causes telles que la dénonciation de l’homophobie, du sexisme et du racisme (c’est d’ailleurs écrit sur notre devanture).

Antoine : Certainement. D’ailleurs, qu’est-ce que la communauté ? C’est une question que je me pose régulièrement lorsque les utilisateurs réguliers des applications de rencontre se décrivent quasi automatiquement comme étant hors milieu, hors communauté. Dans ce cas, qu’est ce que le milieu? Prétendre appartenir à la communauté serait péjoratif ? Je vois plus dans la communauté l’idée de maison, de valeurs communes, de bienveillance. On a tous besoin dans nos constructions personnelles de partir, d’aller dans des lieux généralistes, puis on peut ressentir le besoin de retourner dans cette communauté, tenir la main et embrasser son/sa partenaire sans un mauvais regard, ne pas être jugé sur sa sensibilité, sa personnalité, concrétiser et porter les projets associatifs et culturels.

Tenir un établissement en couple : c’est plus facile ou plus compliqué ?

Gregg : La véritable difficulté n’est pas de travailler en couple mais de savoir “décrocher“. En effet, il n’est pas rare que le bar prenne le pas sur nos discussions à la maison, là ou nous devrions tout simplement nous détendre.

Antoine : Le travail est plus facile en couple. Nous connaissons respectivement nos points forts et faiblesses. Nous répartissons intuitivement nos tâches. En un mot, on peut dire qu’on est complémentaires. Bon, il n’y a pas que des avantages à ça. La vie privée en prend un coup puisque nous passons la majeure partie du temps soit sur place, soit à travailler de la maison, à réfléchir aux événements à venir. Il n’y a pas de franche césure entre le boulot et notre vie de couple. Mais le jeu en vaut la chandelle.

Antoine, comment pourrais tu décrire Greg?

Antoine  : Au boulot ? Il est d’une grande constance dans le travail, très sérieux dans la gestion, très bon dans la communication, d’une vraie écoute, d’un intérêt certain pour les chouettes personnalités et d’un calme olympien. Le décrire dans la vie privée n’apportera pas grand chose d’objectif. Je l’aime, alors vous vous doutez bien que je vais l’encenser …

Et, “of course“, Greg, comment décrirais-tu Antoine?

Gregg : Antoine est mon binôme, il m’épaule et me conseille quand je dois prendre certaines décisions. Son avis est très important pour moi. Il déborde d’énergie et me pousse à toujours faire mieux (même si je suis un râleur né). Honnêtement, je ne sais pas comment je ferais sans lui.

Le Milk, c’est aussi un lieu de fêtes. Quel genre de soirées organisez-vous?

Gregg : Ce sont bien souvent des soirées déguisées ou sur des thématiques récurrentes. Par exemple, Rouen accueille en octobre/novembre la plus grande foire de France. Chaque année, nous organisons la soirée fête foraine au Milk avec des jeux, des peluches à gagner, des barbes a papa… Sans oublier les soirées culturelles en partenariat avec le cinéma Omnia République (séances spéciales avec présence des acteurs et réalisateurs au bar pour des échanges/dédicaces avec les spectateurs). Nous avons également des permanences psy/sexo avec Enipse prévention. Le panel est donc plutôt large.

Quel est votre meilleur souvenir au Milk?

Gregg : Difficile de citer un moment précis car il y en a eu beaucoup (Soirée Priscilla folle du désert, Coiffe ta chatte, les After Pride…). Si je ne devais en choisir qu’une, je dirais probablement les 4 ans du bar ou l’ambiance était totalement folle. Nous avions invité Les Pulpeuses (Lille) qui ont assuré un show exceptionnel ce soir-là.

Antoine : Les anniversaires du Milk sont toujours géniaux. Pour les quatre ans, Gregg voulait faire la “Slut Night“, les Pulpeuses Transformistes de Lille ont fait le spectacle. Tout le monde est arrivé, pour la grande majorité, costumé. C’était fou! Entre les échasses, les collants, les jupes, les perruques, les maquillages… c’était un super moment et c’était hyper gratifiant de voir ce monde répondre à l’appel dans la joie.

Le truc à faire, si tu es de passage à Rouen, mais qu’en principe seul les habitants de la ville connaissent?

Gregg : Je dirais, depuis peu, “la Friche Lucien“ qui est un spot temporaire uniquement ouvert l’été et qui accueille bon nombre de DJ intéressants. Il y a bien aussi quelques soirées secrètes… mais évidemment je ne peux pas en parler ici ?

Antoine : Flâner dans les rues du quartier des antiquaires avec ses devantures en colombage, prendre un guide pour faire le tour du centre-ville historique de Rouen et s’approprier son Histoire.

Retrouvez Antoine et Gregg sur www.bar-milk.com 

Le Milk – 1 rue du Père Adam – 76 – Rouen
Facebook