Nicolas Nucci : Back to the 90’s

En musique comme dans la mode, les tendances sont d’éternels recommencements, twistĂ©es par un coup de fraicheur qui leur redonne de la pĂȘche. RĂ©sultat : des sons repackagĂ©s Ă  partir de vieux tracks. La techno qui vient chahuter vos oreilles n’y Ă©chappe pas. Le DJ Nicolas Nucci en a fait une de ses marques de fabrique.

Publié le

Par Geypner.
En partenariat avec Strobo Mag

« Aujourd’hui, la techno est formatée, elle est efficace mais s’est apauvrie en influences », constate Nicolas Nucci, DJ techno, quand on aborde avec lui le retour d’une mouvance techno orientée années 90. Oui, nous vous parlons bien de l’autre siècle. Que dis-je du millénaire passé. Ne grincez pas des dents, c’est à cette période que tout a commencé côté musique électronique. La techno dans le flot a poussé ses premiers cris puis, comme tout enfant en recherche a dû trouver ses marques dans un milieu musical qui a été surpris par ce garnement un peu dissipé, aux allures anticonformistes et touche-à-tout. La scène professionnelle l’a vu se développer, s’émanciper même au point d’être reconnue comme une musique à part entière. Différente soit, mais audacieuse, talentueuse diront même certains. Radio FG, s’en est fait le porte-drapeau sur les ondes avec des sessions de diffusions nocturnes ; et le ministre de la culture de l’époque, Jack Lang, avec le soutien de la structure Technopol, a proposé à cette dernière de passer des raves et free parties sauvages aux rues de Paris avec la création de la Techno Parade, la grand-messe, écho à la Love Parade allemande. 

« Aujourd’hui, la techno est formatée, elle est efficace mais s’est apauvrie en influences », constate Nicolas Nucci, DJ techno, quand on aborde avec lui le retour d’une mouvance techno orientée années 90. Oui, nous vous parlons bien de l’autre siècle. Que dis-je du millénaire passé. Ne grincez pas des dents, c’est à cette période que tout a commencé côté musique électronique. La techno dans le flot a poussé ses premiers cris puis, comme tout enfant en recherche a dû trouver ses marques dans un milieu musical qui a été surpris par ce garnement un peu dissipé, aux allures anticonformistes et touche-à-tout. La scène professionnelle l’a vu se développer, s’émanciper même au point d’être reconnue comme une musique à part entière. Différente soit, mais audacieuse, talentueuse diront même certains. Radio FG, s’en est fait le porte-drapeau sur les ondes avec des sessions de diffusions nocturnes ; et le ministre de la culture de l’époque, Jack Lang, avec le soutien de la structure Technopol, a proposé à cette dernière de passer des raves et free parties sauvages aux rues de Paris avec la création de la Techno Parade, la grand-messe, écho à la Love Parade allemande. 

Mais courant des années 90, la culture techno dans son vaste champ de rythmiques -minimale, acid techno, dub, free tkno, détroit…- ose. Fidèle à sa construction qui impose un break pour envoyer du lourd, les producteurs n’ont pas peur de faire des montées instrumentales, tout lâcher pour appuyer la progression emblématique de la techno. C’est ce qui, aux yeux de Nicolas Nucci, fait toute la différence avec aujourd’hui : « J’ai l’impression que la musique propose actuellement beaucoup de choses, mais que l’on ne retient pas forcément quelque chose de fort comme on pouvait le faire avant avec des titres qui s’imposaient comme des référents ». Voilà pourquoi, lui qui a passé beaucoup de temps en Bretagne, se souvient de son terrain d’amusement favori : le Kalao. Une boîte unique près de Quimper qui, dans les années 90, était considéré comme l’un des temples d’une techno harmonieuse, une techno qui distillait un son qui emportait les clubbers très loin, et qui a marqué les mémoires. Lorsqu’au début des années 2000, le club a mis la clé sous la porte, il a laissé sur le bas-côté, des générations entières de clubbeurs désabusés. Lors de son retour en Bretagne il y a quelques années, les potes de Nicolas Nucci l’ont pressé de refaire revivre la magie des ces instants suspendus. 

C’est donc cette idée qui a germée et qui fait aujourd’hui ressurgir toute une nouvelle voie pour une techno qui réintègre des samples d’antan, remixés et qui ont drivé toute une génération de personnes qui ont 40-50 ans aujourd’hui. Nostalgiques ? Oui et non, se défend Nicolas. « Il y a ceux qui n’ont pas trouvé d’endroits pour s’éclater et ça a aussi créé toute une nouvelle génération, envieuse, qui n’a pas connue la boîte ». Nourris d’histoires, ils fantasment une ambiance, des rythmes. C’est un peu ce que nous pourrions appeler le syndrome Studio 54. Ne pas avoir vécu ce qui se faisait de plus sensationnel dans un lieu à l’époque. Le DJ reprend le concept des soirées Kalao, ressort les morceaux fétiches où le club ne désemplissait pas. « Je ne sais pas si j’aurai eu l’idée de ses soirées années 90 s’il n’y avait pas eu ce club qui a marqué ma génération », explique-t-il avant de préciser : « Il faut faire attention de ne pas tomber rapidement dans des clichés un peu ringards, dans le pathos, le mélancolique, le déprimant pour autant ».

La magie des années 90 opère. Les anciens retrouvent ce qui les faisaient bouger lorsqu’ils étaient gamins et les plus jeunes adorent et hallucinent sur les tours de passe-passe que nous pouvons faire en mixant. Ils sont ultra réceptifs. Observateur, fin connaisseur des productions de l’époque, et DJ reconnu, il avoue : « Je ne sais pas si ça prendrait partout. Les soirées à thème underground, il n’y en pas des masses. Mais si je devais revenir à Paris, puisque mes sets sont truffés de références aux années 90, cela pourrait prendre. C’est le son qui m’a fait kiffer, mes premières raves, mes premières soirées. Il faut faire un cocktail avec des remix, des classiques. ». La preuve en est que, lorsqu’un DJ veut se faire connaitre, il faut passer par la case production musicale. Et qu’il n’y a rien de mieux que de remixer un standard des années 90. Il faut piocher dans le catalogue de ces années, on remixe. Ça fonctionne par ce que ça parle à tous ! Des samples d’hier à la patate du mastering d’aujourd’hui, tous les ingrédients sont là. Ces sons que vous connaissez, ceux qui sonnent comme une évidence dans votre tête dès les premières notes et qui vous donne envie de vous déhancher, ne sont pas le fruit de votre imagination ! Ils sont puisés au fond de votre background, de morceaux mythiques réarrangés. Ils ont forgé vos souvenirs et les retrouver est à la fois réconfortant et tellement bon, avouez-le ! Alors prêtez l’oreille, le retro a la côte et la déferlante est assurée.

Cet article est paru dans Strobo Mag n°2, septembre 2019

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