Frank (Le Glam, Nice) : “Le graal, c’est quand tu t’aperçois en même temps que tes clients que la soirée est vraiment unique”

Frank Vermeil est une personnalité de la vie gay niçoise. Ancien directeur du Klub, il officie désormais au Glam, le bar de la rue Eugène Emmanuel. Pour Jock.life, il revient sur ses premiers souvenirs de clubbing et nous donne les ingrédients d’une soirée réussie.

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Quel est ton premier souvenir de clubbing gay?

C’était à Cannes, au début des années 80, dans un club qui s’appelait le BusBea.… C’était génial de découvrir que je n’étais pas seul au monde, de voir des garçons s’embrasser et s’aimer librement, sans se cacher. D’ailleurs, il ne faudra jamais oublier le rôle positifs des commerces gays pour les jeunes de mon époque. Ils étaient des bulles de liberté et d’expression unique, à une époque où il n’y avait pratiquement pas de tissu associatif. Dans ma famille, on ne parlait jamais d’homosexualité. Je ne savais à qui en parler. Dans ce club, j’ai enfin pu en parler et me rassurer. Sans compter l’extraordinaire ambiance dans les clubs à l’époque du disco… Mais ne sombrons pas dans la nostalgie !

Frank, c’est aussi Miss Franka, une créature haute en couleurs et toujours de bonne humeur !

Une soirée au Glam, ça se passe comment?

Ce qui est passionnant dans ce boulot, c’est que, justement, tu ne sais jamais vraiment comment va se passer la soirée. Même y mettant les mêmes ingrédients, aucune soirée ne se ressemble. Le “graal”, c’est quand tu t’aperçois en même temps que tes clients, que la soirée est vraiment unique. Quand arrive cette fameuse petite alchimie qui fait que tout le monde est en osmose et n’a qu’une idée en tête : partager et vivre à fond la même fête le temps d’une nuit.

Les ingrédients d’une soirée réussie, selon toi?

Déjà, il y a le travail en amont. Il faut tout ce qui est “technique” fonctionne bien. Ensuite, il faut avoir l’œil sur tout : l’accueil, un vestiaire efficace, des barmen sympa… Bref, s’entourer d’une équipe cohérente et capable de remplir sa tâche au mieux. Bien sûr, la musique est fondamentale : être en adéquation avec les différents thèmes musicaux que tu proposes en faisant travailler des DJ passionnés. Et quand tu as déjà coché toutes ces cases, essayer de créer un mélange de clientèle qui va faire en sorte que la fête va être belle. Sacré challenge dans un club gay de nos jours… Un seul “lourd” peut te pourrir une ambiance. Mais sinon, là aussi, c’est passionnant de voir dans un petit lieu tant de gens différents qui se côtoient et qui arrivent à faire la fête ensemble.

Folle ambiance lors de la soirée spéciale Pink Parade le 27 juillet 2019

Tu es dans la nuit gay depuis quelques années, maintenant, comment a-t-elle évolué?  

Il n’y a pas que la nuit gay qui évolue… C’est tout le clubbing qui subit des évolutions. Je me demande parfois si nous ne sommes pas une espèce en voie de disparition… (rires). Les applications de rencontres, l’interdiction de fumer, le moindre besoin chez les jeunes de se retrouver dans des lieux communautaires, les énormes messes festives genre la Démence ou les Gay Pride de Madrid ou Tel Aviv, l’apparition de nouvelles drogues… autant de phénomènes qui ne participent pas au développement du clubbing local.… Néanmoins, je persiste et signe : rien de mieux qu’un réel tête à tête autour d’un verre pour faire la fête. Et peut être trouver l’âme sœur (même si on peut aussi la trouver au coin d’une rue…)

Crédit : Guillaume Eymard

Que penses-tu de la vie gay/LGBT à Nice?

Franchement, je trouve que l’on a de la chance, même si certains grincheux diront le contraire. Déjà, le tissu associatif est très dense et bien vivant avec le Centre LGBT qui existe depuis plusieurs années à présent. Au niveau des commerces, il y en a pour tous les goûts : clubs, bars, sex-clubs, saunas, il y a du choix. Ceux qui se plaignent n’ont qu’à aller dans d’autres villes en France ou même à l’étranger. Je reviens de Palma de Majorque : plus de 400.000 habitants, ville touristique et quasiment pas de commerces gays. A Nice, les touristes gays peuvent s’amuser. D’ailleurs la Ville et l’Office de Tourisme ont mis en place un label d’accueil LGBT : Nice irisée.

Plus d’infos

https://www.facebook.com/glam.bar.3/

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