Maxime “Bühler” Antoine : “Je voulais ramener le rock, le punk, la new wave dans les soirées queers lyonnaises”

Suite de notre série sur les personnalités qui font bouger la nuit gay avec Maxime “Bühler” Antoine. En duo avec Frida Salo, il a co-fondé il y a un peu plus d’un an la soirée queer “GLAM against the machine”, qui se déroule une fois par mois sur la péniche Le Sonic, à Lyon.

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Quels liens entretiens-tu avec le milieu gay lyonnais ?

Je dirais que j’en suis plus en retrait aujourd’hui qu’il y a huit ans, lorsque je venais d’arriver à Lyon pour mes études. J’étais plus jeune et ça a été une période de fêtes, de drogues, d’orgies… Et puis, des soucis perso et des dramas dans la vie nocturne gay lyonnaise m’en ont un peu éloigné. Aujourd’hui, même si je continue à fréquenter certains lieux LGBT, mes liens avec ce milieu sont surtout culturels (à travers des concerts, des projections ou mon engagement dans le festival de cinéma queer Écrans Mixtes, par exemple) ou militants (via les manifs en faveur des réfugiés LGBTI, de la PMA pour tou·te·s, etc.). Et puis, avec la GLAM, je ne suis plus seulement spectateur du milieu queer mais aussi acteur.

Crédit photo : Fanni Papp 

Justement, qu’est-ce qui t’a poussé à créer ta propre soirée ?

Quand je sortais, je ressentais souvent un mal-être. J’avais le sentiment de ne pas appartenir au même milieu que les gens que je côtoyais en soirée, notamment parce que je n’avais pas leurs moyens financiers. Je trouvais aussi que de très nombreux corps étaient invisibilisés, ou en tout cas moins visibles que les autres, dans ces événements : les corps trans, intersexes, racisés, féminins… D’où l’envie qu’on a eu, Frida Salo et moi, de créer notre propre soirée, à notre petite échelle, mais en essayant de préserver ce qui nous semble être les fondamentaux d’une soirée queer : des tarifs accessibles pour l’entrée et les consos et un espace safe et inclusif pour tous. On essaye d’inciter les gens à se respecter les uns les autres.

Crédit photo : Chloé Delage

Comme son nom le laisse deviner, la GLAM against the machine a une identité musicale très singulière…

Frida et moi avons deux univers musicaux complètement différents mais dont je crois qu’ils sont complémentaires. Frida, avec sa personnalité unique, apporte à la soirée sa dimension kitsch, décalée, camp. Moi, je voulais ramener le rock, le punk, la new wave dans les soirées queers. J’adore faire découvrir à de jeunes LGBTI des sons et des morceaux qu’ils ne connaissent pas encore. Musicalement, je dirais que la GLAM est au croisement d’esthétiques punks et hippies. Ce sont deux mouvements qu’on oppose fréquemment mais je ne pense pas qu’on doive forcément choisir entre les deux principales contre-cultures qui ont émergé ces cinquante dernières années.

Que penses-tu de la vie nocturne queer à Lyon ?

Je trouve que l’offre de soirées s’est multipliée et diversifiée ces dernières années. De nouveaux projets ont émergé, des collectifs de drag-queens assez jeunes se sont montés… Fin avril, un nouveau lieu queer, Baston, a ouvert ses portes. C’est un endroit qui propose une programmation assez folle et dense, avec jusqu’à trois ou quatre événements par semaine. Je pense aussi aux soirées du collectif Dynastits, qui ne sont pas estampillées LGBTI mais qui sont féministes et safes pour les personnes queers. Sans oublier les soirées organisées par L’Atelier des canulars (Lyon 7e), qui permettent de faire la fête tout en soutenant des associations comme 2MSG, par exemple (collectif qui vient en aide aux réfugiés et demandeurs d’asile LGBTI, NdlR). Bref, aujourd’hui, il y en a pour toutes les bourses et tous les styles.

Crédit photo : Fanni Papp

Quels sont les lieux queers lyonnais que tu recommandes ?

Baston (Lyon 5e), donc, parce que c’est nouveau et ça mérite d’être encouragé. Le Lavoir public (Lyon 1er), parce qu’il existe depuis plus de sept ans et qu’il maintient une belle exigence artistique et culturelle. Et puis le Rita-Plage (Villeurbanne), un bar de quartier un peu excentré mais qui réussit à mêler des publics très variés : des habitants du coin, des personnes queers…

Tu travailles actuellement à la librairie Michel Descours (Lyon 2e), spécialisée dans les beaux-arts. Tu aurais un livre à nous conseiller pour la plage cet été ?

Deux, plutôt. Pour les anglophones, l’extraordinaire catalogue de l’expo sur le camp actuellement visible au Met de New York. Et pour tout le monde : Girls rock, de Sophie Rosemont, une histoire des figures féminines du rock.

Plus d’infos
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