Veronika von Lear (Le Boudoir) : “On sent un renouveau de folie et de liberté dans les soirées”

Dans notre série sur les personnalités qui font bouger la nuit gay, il était difficile de passer à coté de Veronika von Lear, une drag aussi libre qu’engagée qui nous accueille à la Mano (Paris 9e) pour son « boudoir » dominical. Rencontre.

Publié le

Que ce soit en club, sur scène lors de ses Boudoirs mensuels à la Mano, à un spectacle venue soutenir une de ses nombreuses « drag-daughters » (plus d’une vingtaine à ce jour!), ou dans des balls de voguing, vous ne pourrez pas manquer Veronika von Lear si vous sortez à Paris. Dans une scène drag française en plein essor, Veronika est assurément une figure importante, qui trace son chemin de la plus belle des manières: libre, glamour et engagée.

Peux-tu nous décrire Le Boudoir?

Créée en 2016, Le Boudoir Von Lear est un drag show qui a pour but de déployer les différents talents des créatures de la nuit. Intimiste, familiale et cosy, il réunit un large éventail d’artistes de la scène queer. À savoir des drag-queens, drag-kings, club kids, performeur-se-s queers, danseur-se-s et effeuilleur-se-s. Or été, c’est un dimanche par mois de 20h à 00h à la Mano (9ème) !

Ton premier souvenir de clubbing gay?

Mon souvenir le plus mémorable de clubbing gay est ma première House of Moda en 2013. C’était la première fois que je sortais à Paris en drag. C’est Florent (Amber Tonic) mon meilleur ami qui m’y avait emmené et ce fut vraiment un moment magique. Je ne connaissais personne à part lui dans la nuit queer parisienne et ne savait pas qu’il y avait d’autres drags et créatures car nous n’étions pas nombreuses à ce moment là. J’ai descendu les marches de la Java et je me suis retrouvée dans un club rempli de créatures plus extravagantes les unes que les autres. Le thème était “Volière”. Les costumes à plumes étaient plus fous les uns que les autres. C’était comme arriver dans mes envies les plus folles. J’y ai rencontré Reno, le co-fondateur de la soirée, qui a été adorable. Il portait un costume noir muni d’un chapeau oversize en plumes noires. C’est à ce moment là que j’ai décidé de faire un maximum de House of Moda en drag.

Quand on s’y intéresse vraiment, le drag est un art qui fait grandir dans énormément de domaines.

La nuit gay en France, actuellement, elle t’inspire quoi? 

On sent un renouveau de la folie et de ma liberté dans les soirées d’aujourd’hui. De plus en plus de créatures queers y sont invitées et bookées et le public y est très mélangé. Ça m’inspire une envie de s’amuser,  de se libérer des frustrations que la société continue à nous infliger… une envie de s’exprimer. 

Ton parcours de drag t’a appris quoi? 

Enormément sur la culture queer, sur les combats qui restent importants à mener, sur l’acceptation de mon corps aussi. Il m’a aidé à me libérer d’une éducation patriarcale hétéronormée catholique. Il m’a fait comprendre énormément de choses : les différentes possibilités de genre et de sexualité, la culture queer, le militantisme, notre rôle dans la société, la déconstruction des privilèges. Il m’a aussi permis de développer des compétences en acting, en chant, en communication, en danse. Quand on s’y intéresse vraiment, c’est un art qui fait grandir dans énormément de domaines.

On connaît beaucoup le drag via le prisme RuPaul’s Drag Race. Y a-t-il des spécificités du drag en France?

RuPaul’s Drag Race a une grande influence sur la nouvelle génération de drags à Paris et en France en général. Je pense que la scène française est plus axée sur la notion de cabaret plutôt que de shows à l’américaine même si ils sont quand même très présents. Il y a aussi une partie des drags qui sont très axées sur le côté militant du drag et pas uniquement sur le show et la fame. Ce que je trouve vraiment bien car, à l’heure actuelle, le drag est vraiment sur le devant de la scène et c’est donc le moment d’utiliser cette visibilité pour exprimer ces combats et faire avancer les choses. Cela pourrait être la grosse différence avec les autres pays !

Instagram : @veronika_von_lear/

Tu en veux encore ?